Nous le savions, nous, les archaïques, les syndicalistes, les corps soi-disant intermédiaires, les « qui battent le pavé avec leurs banderoles et leurs slogans du passé », nous l’avions déjà prévu, nous les « qui n’ont rien compris à la concurrence libre et non-faussée, au primat de l’économique sur l’humain », nous qui avons perdu des journées, des semaines de salaires à faire grève, bêtement, stupidement, nous qui avons interpelé les pouvoirs depuis plus de 30 ans, pour leur mettre sous le nez les fêlures sociales, les vies brisées, la misère, le délitement, toutes ces choses qu’ils se sont toujours refusés à voir et qui n’étaient que le fruit de leurs politiques…
Nous le savions, nous les vaincus, qui devions accepter qu’il n’y ait aucune alternative… Nous étions au plus près des souffrances au travail, des travailleurs, des précaires virés comme des malpropres, payés au lance-pierres…
Nous nous épuisions à défendre, dos au mur, les droits des salariés conquis par nos aînés, dans la solitude des collectifs de travail émiettés, brisés par les organisations du travail pathogènes, par la férule patronale, par les réformes antisociales…
Nous savions qu’après nous, il n’y avait rien… que l’embrasement, que les étincelles qui couvent, qui peuvent « faire feu » ou s’étouffer, sans s’éteindre…et toujours courir !
Vous récoltez ce que vous avez semé, vous les hérauts de la fin de l’histoire ! Vous, les briseurs de grèves et de rêves, vous les tenants de l’ordre social, le vôtre, celui des actionnaires, des dividendes, de l’argent pour l’argent ! Vous les faiseurs de rois et de Macron !
Pas de république qui ne soit d’abord sociale !