LA PHRASE DE BASSIROU DIOMAYE FAYE DEVANT ALASSANE OUATTARA QUI OUTRAGE L’AFRIQUE
Par le Dr Franklin Nyamsi Wa Kamerun Wa Afrika
Président de l’Institut de l’Afrique des Libertés
En visite officielle en Côte d’Ivoire le mercredi 7 mai 2024, le nouveau Président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye a affirmé ce qui suit devant l’opinion internationale, lors de sa conférence de presse de sortie d’audience avec le Président de facto de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara :
"D'ailleurs je saisis cette occasion pour saluer le leadership et les efforts considérables que vous faites, ou que vous déployez dans le renforcement de la stabilité et de la démocratie ainsi que de la promotion du développement en Côte d'Ivoire."[1]
Or, en langue française correcte et en logique, un leader de stabilité ne peut pas être un acteur de déstabilisation récurrente. Un leader de démocratie ne peut pas violer l’expression de la souveraineté populaire, la constitution, loi-fondement du régime

Agrandissement : Illustration 1

démocratique, qui étymologiquement en grec signifie démos-kratia, pouvoir du peuple.[2]
Cette phrase de Bassirou Diomaye Faye le 7 mai 2024 à Abidjan, disons-le tout net, est une aberration scandaleuse. Ces mots du Chef de l’Etat sénégalais, qui se réclame officiellement de l’idéologie du panafricanisme de gauche, sont aux antipodes des attentes que les Peuples Sénégalais et Africains ont placé en lui. En effet, puisque le rappel sauve l’âme, comme le disent de nombreuses saintes écritures, rafraîchissons la mémoire au jeune Président Sénégalais et à tous ses soutiens aveugles sur le parcours politique d’Alassane Dramane Ouattara, renégat voltaïque nuisible depuis plus de 35 ans à toute la sous-région africaine.
A propos de la stabilité dont Alassane Dramane Ouattara serait un fervent serviteur en Côte d’Ivoire et en Afrique, les faits attestent plutôt du contraire. Voici les fameux efforts accomplis par Alassane Dramane Ouattara pour la mystérieuse et intouchable stabilité, tant saluée par Bassirou Diomaye Faye.
-Auteur de la mise en place de la carte de séjour[3] des étrangers africains qui a mis le feu aux poudres en Côte d’Ivoire dès 1991, Alassane Dramane Ouattara n’a eu de cesse de s’investir dans les actions de déstabilisation de ce pays depuis lors. Voici un rapide décompte des actions de déstabilisation menées par le président du RHDP-RDR en Côte d’Ivoire depuis lors :
- Décembre 1993 : tentative de coup d’Etat constitutionnel à la suite du décès en cours de mandat du Président Félix Houphouët-Boigny. Au mépris de l’article 11 de la constitution ivoirienne qui prévoit que c’est le président de l’Assemblée nationale qui doit assurer l’intérim en cas de vacance du pouvoir, Alassane Ouattara, premier ministre, essaie d’usurper le fauteuil présidentiel. Il échoue face au Président Bédié car l’armée, tout comme le PDCI RDA résistent alors aux ambitions dévorantes du seul Premier ministre de Félix Houphouët-Boigny.[4]
- Décembre 1999[5]: les partisans d’Alassane Ouattara dans l’armée ivoirienne perpètrent un coup d’Etat que celui-ci avait auparavant annoncé et l’opposant revient d’exil en félicitant publiquement le Chef apparent des putschistes, le général Robert Guéi, qui fera volte-face en tentant de conserver le pouvoir en son propre nom en 2000
- Septembre 2000 : complot du Cheval Blanc[6], perpétré par les partisans d’Alassane Ouattara pour assassiner le général Guéi parce que celui-ci a fait entretemps voter une constitution dont l’article 35 exclut Alassane Ouattara de l’élection présidentielle d’octobre 2000 qui sera gagnée par le candidat du FPI, Laurent Gbagbo.
- Janvier 2001 : tentative de coup d’Etat dite complot de la Mercedes Noire[7]. Des partisans militaires d’Alassane Ouattara partis du Burkina Faso et coordonnés par le sergent-chef Ibrahim Coulibaly, essaient de renverser le régime socialiste du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire.
- Septembre 2002[8]: Des partisans militaires d’Alassane Ouattara partis du Burkina Faso et coordonnés par l’ancien leader syndicaliste estudiantin Guillaume Soro[9], essaient de renverser le régime socialiste du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire. Ceci aboutit à l’installation de la rébellion du MPCI-FN à Bouaké, qui va obtenir dès 2005 par l’Accord de Prétoria, la réinclusion politique d’Alassane Ouattara qui devient alors éligible à la présidentielle
- Décembre 2010 : la Cour constitutionnelle ivoirienne donne Alassane Ouattara perdant à l’élection, tandis que la Commission Electorale Indépendante le déclare gagnant. Alassane Ouattara, soutenu par la France et l’ONU, choisit, contre la décision de la Cour constitutionnelle, l’usage de la force pour prendre le pouvoir. 3000 morts au moins s’en suivent en Côte d’Ivoire. Grave crise postélectorale.[10]
- Octobre 2020 : Alassane Ouattara, après avoir violé les articles 55 et 183 de la Constitution ivoirienne interdisant formellement plus de deux mandats présidentiels, organise une mascarade sanglante qu’il appelle élection présidentielle et s’impose par la force à la tête de la Côte d’Ivoire. Des centaines d’Ivoiriens sont tués pendant la crise préélectorale, électorale et postélectorale de 2020 ; les prisons politiques se remplissent ; des nombreux ivoiriens, dont des figures de l’Opposition comme le leader de GPS Guillaume Soro se retrouvent contraints à l’exil[11]; des kidnappings d’opposants politiques à l’étranger par le régime Ouattara se multiplient, des faux complots attribués à l’opposition, la chienlit du pouvoir prospère . Une chape de plomb lourde transforme la Côte d’Ivoire en une immense prison à ciel ouvert.[12]
- Mai 2024 : de nombreux partisans du despote Alassane Dramane Ouattara s’ingénient à annoncer sa candidature pour un quatrième mandat anticonstitutionnel en Côte d’Ivoire, alors même que le champ politique est verrouillé par la confiscation de tous les leviers stratégiques de l’Etat ivoirien par le clan familial Ouattara.
- Dans la sous-région Africaine, rappelons enfin les principales actions de déstabilisation menées par Alassane Dramane Ouattara : en septembre 2015, il arme et finance la tentative de coup d’Etat du Général Gilbert Diendéré au Burkina Faso ; en 2016, il infiltre l’élection présidentielle du Gabon pour tenter de renverser le pouvoir d’Ali Bongo ; en 2022, participation active aux sanctions inhumaines, criminelles, illégales et illégitimes de la CEDEAO sous incitation française contre le Mali[13]; en juillet 2022, infiltration d’un commando armé de 49 mercenaires sous fausses identités au Mali[14] ; en 2023, Alassane Dramane Ouattara annonce la mise en place d’une force de 1100 soldats pour aller rétablir de force, au nom de la CEDEAO, le régime terroriste de Mohamed Bazoum qui venait d’être renversé au Niger.[15]
Comment donc le Président Sénégalais Bassirou Diomaye Faye a-t-il pu enjamber l’océan de souffrances semées par Alassane Dramane Ouattara pour affirmer ceci ?
« "D'ailleurs je saisis cette occasion pour saluer le leadership et les efforts considérables que vous faites, ou que vous déployez dans le renforcement de la stabilité et de la démocratie ainsi que de la promotion du développement en Côte d'Ivoire. »
Il aura fallu pour cela une triple trahison de Bassirou Diomaye Faye :
- Politique d’abord, envers les Peuples Sénégalais et Africains, en lutte contre le despotisme africain et qui ont cru voir en Bassirou Diomaye Faye l’accomplissement de leur détermination à se débarrasser des autocrates corrompus de la trempe de Macky Sall et d’Alassane Dramane Ouattara.
- Idéologique ensuite, envers la grande famille du Panafricanisme de Gauche, à laquelle Bassirou Diomaye Faye, qui s’est un temps fait présenter comme un nouveau Sankara, un nouveau Nkrumah ou un nouveau Rawlings, a fait faux bond en rentrant dans le culte néocolonialiste des « Pères fondateurs » des républiques bananières de la Françafrique.
- Générationnelle enfin, envers la jeunesse africaine, qui attendait tout du jeune Chef de l’Etat Sénégalais, sauf un cirage des pompes du vieux dirigeant le plus détesté d’Afrique, car dépourvu de sagesse, d’amour et de sens de la justice pour les Peuples Africains, l’incorrigible despote Alassane Dramane Ouattara.
Or, les Peuples Africains, éveillés par la résurrection de la conscience panafricaniste révolutionnaire, ont sans doute pris très bonne note de cette triple imposture et ne manqueront point d’en adresser la très salée facture dans les jours futurs à l’inconséquent auteur. A moins qu’il ne s’amende…C’est tout le mal que je lui souhaite.
[1] https://www.youtube.com/watch?v=yE5FVhUGOEY
[2] https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/democratie/23429
[3] http://www1.rfi.fr/actufr/articles/037/article_19329.asp
[4] https://www.lemonde.fr/archives/article/1993/12/09/cote-d-ivoire-la-mort-de-felix-houphouet-boigny-une-succession-problematique_3972732_1819218.html
[5] https://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve/756
[6] https://medium.com/@Nanaboa/le-complot-du-cheval-blanc-dans-la-crise-ivoirienne-be59c7760c17
[7] https://connectionivoirienne.net/2021/01/08/complot-de-la-mercedes-noire-revivez-le-1er-coup-detat-qui-a-failli-renverser-gbagbo-en-2001/
[8] https://www.youtube.com/watch?v=f_URzH8IE5I
[9] https://www.eyrolles.com/Litterature/Livre/pourquoi-je-suis-devenu-un-rebelle-9782012358584/
[10] https://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_ivoirienne_de_2010-2011
[11] https://information.tv5monde.com/afrique/cote-divoire-en-exil-force-guillaume-soro-recoit-le-soutien-de-lopposition-32521
[12] https://information.tv5monde.com/afrique/cote-divoire-apres-les-violences-electorales-de-2020-des-opposants-toujours-poursuivis
[13] https://information.tv5monde.com/afrique/levee-des-sanctions-contre-le-mali-la-cedeao-souhaite-retrouver-une-credibilite-819248
[14] https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/mali/arrestation-de-49-militaires-ivoiriens-au-mali-pourquoi-le-torchon-brule-entre-bamako-et-abidjan_5252020.html