Où Vas-Tu?
(A Toumani Diabaté, le grand maître de la Kora qui s’en est allé. Que les sons éthérés de la Kora immémoriale accompagnent cette élégie)

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Où vas-tu sublime maître des sons qui plaisent à nos âmes ?
De quel pas te presses-tu, Toumani Diabaté, griot du Mali
Pour franchir le Rubicon de l’au-delà, les portes de la nuit
Où vas-tu, sérénissime virtuose dont l’œuvre nous enflamme ?
Seul le sait, le fleuve qui se tait
Et l’œil du soleil qui nous lorgne
Les cris des femmes, de tes filles et de tes fils, de tes frères
Ont déchiré l’air de Bamako avant l’Appel du muezzin hier
L’azur décrit la fulgurante ascension de ton âme tôt délivrée
De ton corps abandonné par le divin souffle de l’Empyrée
Les oiseaux de nuit se sont tus
Devant l’ardente douleur des cœurs
Où vas-tu, Toumani Diabaté, à moins de soixante ans
Pendant que le grand Mali surmonte ses pires harmattans ?
Pourquoi a-t-on hâte de te voir chez les ancêtres vivants
Alors même que tombent encore de ta Kora les sons vibrants ?
Seul le sait, le Maître de Vie
Et son avis seul finalement compte ...