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Franklin Nyamsi Wa Kamerun Wa Afrika

Docteur en Philosophie, Ecrivain, Intellectuel engagé pour l'Etat de droit en l'Afrique et la réforme équitable des relations internationales

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Billet de blog 23 décembre 2024

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Le Refoulement du 23 décembre 2019 contre Soro: une ode à la méchanceté politique

Le 23 décembre 2019, l'autocrate ivoirien Alassane Dramane Ouattara empêchait l'ancien Premier Ministre Guillaume Soro de rentrer dans son pays. Nous revenons ici sur l'ode à la méchanceté pure que la carrière politique d'Alassane Ouattara en Côte d'Ivoire constitue à bien des égards.

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Illustration 1

LE REFOULEMENT DU 23 DECEMBRE 2019 : UNE ODE DEDIEE PAR LE REGIME OUATTARA A LA MECHANCETE PURE EN CÔTE D’IVOIRE

Par le Dr Franklin Nyamsi

Président de l'Institut de l'Afrique des Libertés

Alors qu’il avait sacrifié près de vingt années de sa jeune vie à combattre contre l’exclusion politique en Côte d’Ivoire, depuis les batailles internes de la FESCI jusqu’à celles qui opposeraient le MPCI et les FN au régime FPI du début des années 2000 du Président Gbagbo, Guillaume Kigbafori Soro se vit refuser le retour en son pays, un 23 décembre 2019, par l’homme qu’il avait sué et saigné à défendre : l’autocrate désormais inguérissable de la Côte d’Ivoire, Alassane Dramane Ouattara, le patron du très factieux parti RDR, qui de facto tient la politique ivoirienne en otage depuis son irruption en elle en 1989.

 A coups de baïonnettes, de matraques, de gaz lacrymogènes, de menottes, de traques et de kidnappings, la Compagnie Soro fut lourdement attaquée par Alassane Ouattara, débridé tel un fauve sorti de cage. Du sang, de la sueur et des larmes coulèrent parmi de nombreuses familles innocentes de Côte d’Ivoire. Et ils coulent encore depuis lors, sous le plus grand mépris de la Ouattarie pour l’un des hommes sans lesquels le RHDP n’aurait jamais accédé au pouvoir d’Etat dans ce pays.

Je m’en souviens encore. J’étais en France ce jour-là, suspendu à tous mes téléphones, aux lèvres de la tragédie ivoirienne. Les événements de ce jour fatidique du 23 décembre 2019 demeurent aux yeux de tout témoin objectif, une démonstration de l’intention maléfique qui gouverne le régime RHDP et paralyse encore la belle nation ivoirienne. Car, en fait, quel était le problème ? Pourquoi et comment Alassane Ouattara, un citoyen ivoirien d’adoption venu de l’ancienne Haute-Volta dont il avait renié maladroitement la citoyenneté, pouvait-il désormais chasser, emprisonner, éliminer à tour de bras tous les fils et filles de Côte d’Ivoire qui faisaient objection à son désir de capture de l’Etat ivoirien ?

Il faut se souvenir de l’origine du problème Ouattara en Côte d’Ivoire, pour comprendre la persistance du natif de Sindou dans la méchanceté politique aujourd’hui encore en 2024. Promu premier ministre en 1990 grâce à ses intermédiaires français et africains auprès du vieillissant président Félix Houphouët-Boigny, Alassane Ouattara entre en politique ivoirienne avec un handicap essentiel : l’absence de base politique, de fief, de popularité construite au fil des ans dans les terroirs de la nation. En effet, inconnu au bataillon de la classe politique ivoirienne jusqu’en 1989, il avait plutôt fait ses classes au Burkina Faso, à la BCEAO, au FMI et à la Banque Mondiale. En Côte d’Ivoire, les livres de la chancellerie des ordres de l’Etat le signalaient parmi les médaillés voltaïques des années 80. De même, les archives immobilières du pays lui reconnaissaient un modeste immeuble acquis en sa qualité de voltaïque à Abidjan, dans les mêmes eaux.

Mû par une ambition obsessionnelle de diriger la Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara fut donc confronté à la question suivante : pour devenir président de la République de Côte d’Ivoire, que dois-je faire ? Dois-je conquérir vertueusement le cœur des Ivoiriens tout en respectant scrupuleusement les lois de Côte d’Ivoire, ou dois-je au contraire violer tous les principes, et parvenir au pouvoir par tous les moyens ? La réponse que le sieur Ouattara apporta à ce questionnement fondamental fut la cause de tous les malheurs de Côte d’Ivoire. S’inspirant davantage de Mobutu, de Biya, de Néron, de Caligula, de Machiavel, de Carl Schmitt et de Von Clausewitz que de Cicéron, de Rousseau, de Locke, d’Eboussi Boulaga ou de Mémèl Fotè, Alassane Dramane Ouattara fonça tout droit vers le choix de la politique de la méchanceté, ou pour le dire autrement, le choix de la méchanceté comme style .

Il commença par semer la zizanie dans le pays par la création de la carte de séjour des étrangers africains en 1991. Une chasse à l’homme confondant notamment l’ivoirien du nord avec ses frères du Mali, de la Guinée, du Burkina, du Sénégal, commença dans les mosquées et routes de voyages. Alassane Ouattara en profita alors pour susciter la Charte du Nord en 1991, récupérant la frustration nordiste qu’il avait diaboliquement attisée pour menacer le pays de sécession. Puis, se servant de l’appareil d’Etat en 1991-92, il fonça à bras raccourcis sur l’opposition ivoirienne qu’il décapita par une répression barbare. L’homme visait ainsi le fauteuil du président Houphouët agonisant. En 1993, il tenta ouvertement son premier coup d’Etat, en voulant succéder contre l’article 11 de la constitution au président décédé le 7 décembre. Le président Bédié réussit à lui barrer la route. Et commença alors la série de déstabilisations sordides qui de 1995 à 2011, allaient permettre à Alassane Dramane Ouattara d’exercer l’entièreté du pouvoir d’Etat ivoirien dès le mois de mai 2011, avec le soutien de la France et de l’ONU, de son alliance avec les Forces Nouvelles de Guillaume Soro et le PDCI-RDA du président Bédié notamment. Des dizaines de milliers de vies ivoiriennes sont tombées sous les fourches caudines de la Ouattarie, par voie directe et indirecte depuis l’irruption de cette calamité en 1989 dans ce pays ! Elles attendent encore vérité et justice. Elles méritent reconnaissance et magnificence !

Quelle que soit donc la manière de comprendre et de justifier le pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara, y compris ses élections sanglantes de 2010 à 2020, on nous accordera que l’homme doit sa suprématie actuelle à la violence, au mensonge, à la ruse et à la division des peuples africains de Côte d’Ivoire savamment entretenue par ses soins. Un tel pouvoir est par essence dédié à finir comme il a commencé : dans les ténèbres.

Le leader de GPS, Guillaume Kigbafori Soro et nous-mêmes, ses compagnons, savons que la traversée du désert qui a commencé en 2019 et voire avant et qui s’achève inéluctablement bientôt, fut pour nous l’occasion d’un double examen de conscience : d’une part, nous savons désormais, sans le moindre risque de nous tromper, qu’il est impossible de faire confiance à Alassane Dramane Ouattara et que nous ne nous pardonnerions jamais de nous faire rouler une deuxième fois par lui dans la farine de son être évanescent et mythomaniaque ; d’autre part, nous connaissons notre Grand Devoir envers l’Afrique et la Côte d’Ivoire, envers l’Afrique Ivoirienne, envers la Côte d’Ivoire Africaine : mobiliser et libérer ce peuple de l’impéritie régnante, afin de lui rendre sa souveraineté trop longtemps bafouée, sa prospérité à peine partagée, sa dignité encore méprisée en cette fin d’année 2024.

Puissent les mânes ancestraux, les forces vives de la nation ivoirienne en renouvellement et par-dessus tout le Tout-Puissant accorder à GPS, à son leader le Président Guillaume Kigbafori Soro, à toute l’opposition authentique de Côte d’Ivoire réconciliée autour de l’impératif de la souveraineté et de la réconciliation vraies de ce pays, de voir en 2025, la Vérité-Justice-Solidarité de notre tradition continentale délivrer la Côte d’Ivoire de l’empire de la méchanceté , l’empire du RHDP où être militant, c’est être fier d’être un mouton de panurge !

Rouen, France, le 23 décembre 2024

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