SOUTIEN DE LA CONFEDERATION DE L’AES AUX MILITANTS, INTELLECTUELS ET ACTIVISTES PANAFRICANISTES/ DUEL DECISIF ENTRE LE PANAFRICANISME ET L’IMPERIALISME EN AFRIQUE

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Par le Dr Franklin Nyamsi
Président de l’Institut de l’Afrique des Libertés
Le 28 août 2025
Par un communiqué historique en date du 25 août 2025, les trois pays de la Confédération des Etats du Sahel (AES) ont solennellement marqué leur soutien à l’ensemble des activistes, militants et intellectuels panafricanistes persécutés par le régime néocolonialiste français du président Emmanuel Macron et ses alliés occidentaux, tout comme ses relais africains à l’instar de la dictature d’Alassane Dramane Ouattara en Côte d’Ivoire. L’AES a opportunément illustré ce soutien par la mise en exergue des menaces, sanctions, brutalités et harcèlements subis par Alino Faso, Nathalie Yamb, Franklin Nyamsi, Kemi Seba, figures emblématiques de la galaxie panafricaniste contemporaine. Cet acte mérite d’être pleinement analysé et compris au regard du contexte politique intérieur africain et du contexte international en cette année 2025. Pourquoi l’AES vole-t-elle au secours de ces militants, activistes et intellectuels panafricanistes ? Sous quelles modalités ce soutien se traduit-il en effectivité ? Quelles sont les perspectives politiques que ce soutien étatique dessine à l’horizon des relations internationales afro-occidentales en général et franco-africaines en particulier ? Cette tribune est consacrée à répondre à ces questions fondamentales.
L’Idéologie
Le fondement de ce soutien relève d’abord de la commune appartenance des régimes de l’AES au même corpus idéologique que les militants, activistes et intellectuels persécutés : le panafricanisme. Cette idéologie politique, théorisée à l’origine par les diasporas africaines d’Amérique et d’Europe à partir du 18ème siècle, puis répandue en Afrique à la faveur des luttes anticoloniales et anti-impérialistes africaines des 20ème et 21ème siècles, prône l’émancipation totale des Africaines et des Africains de toute la planète contre le racisme négrier oriental et occidental, la barbarie coloniale et impérialiste occidentale et les discriminations raciales anti-africaines contemporaines. Dans son orientation essentielle, le panafricanisme se repose sur le postulat essentiel de l’égalité ontologique de tous les êtres humains, issus de la Nature ou de la Création de Dieu, selon qu’on est athée ou spiritualiste. Les dirigeants de l’AES, les présidents Goïta du Mali, Tiani du Niger et Traoré du Burkina Faso, se reconnaissent dans ce corpus idéologique porté par les Dubois, Garvey, Firmin, Louverture, Césaire, Nkrumah, Fanon, Nyerere, Sékou Touré, Modibo Kéita, Amilcar Cabral, Nnamdi Azikiwé, Patrice Lumumba, Nelson Mandela, Agostinho Neto, Marien Ngouabi, Barthélémy Boganda, Ruben Um Nyobé, Félix Moumié, Ouandié Ernest, Castor Osende Afana, Pierre Mulélé, Sam Nujoma, Jomo Kenyatta, Thomas Sankara, Jerry John Rawlings, Mouammar El Khadaffi, Jamal Abdel Nasser, Ahmed Ben Bella, entre autres figures tutélaires. C’est dans le sillage de ces mêmes figures qu’opère justement l’engagement des activistes, militants et intellectuels panafricanistes contemporains.
La lutte contre le néocolonialisme français et l’impérialisme occidental
Le soutien de l’AES aux activistes, militants et intellectuels panafricanistes s’appuie en outre sur l’unité pratique qui lie les gouvernements sahéliens et ces personnalités dans la dénonciation, la lutte et le démantèlement des formes actuelles de la domination occidentale sur l’Afrique.
Cette domination se traduit par la persistance des puissances occidentales à vouloir occuper militairement le sol africain sous toutes sortes de prétextes controuvés et même parfois préfabriqués, à l’instar de la lutte antiterroriste ou de la lutte contre le réchauffement climatique, souvent invoquées par l’OTAN pour justifier ses manœuvres militaires en Afrique.
Cette domination se traduit aussi par la mise sous camisole de force financière, monétaire, économique des pays africains, à travers l’instrumentalisation politique de la dette, la répression monétaire occidentale – le scandale du franc CF persiste-, et la mainmise des multinationales occidentales sur les ressources stratégiques du continent africain.
Cette domination se traduit enfin par des ingérences politiques occidentales flagrantes dans la désignation des élites politiques africaines et le contrôle par la guerre informationnelle des réseaux de la circulation des idées influentes en Afrique.
Les gouvernements de l’AES, comme les activistes, intellectuels et militants panafricanistes, sont en lutte active contre cette quadruple domination militaire, économique, politique et culturelle. C’est cette mobilisation collective qui s’est, entre autres mesures massivement approuvées par les peuples africains, traduite par le démantèlement récent des bases militaires néocoloniales de la France au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et même au Sénégal. C’est cette même mobilisation collective qui se traduit par la fin de nombreux monopoles occidentaux sur l’extraction de l’Uranium et de l’Or au Sahel.
Le combat contre les déstabilisations internes téléguidées de l’extérieur au Sahel : la lutte contre la propagande impérialiste
Le soutien de l’AES aux activistes, militants et intellectuels panafricanistes s’explique aussi par leur participation active à la vigilance des masses africaines contre les tentatives de déstabilisations internes fomentées par des agents politiques du néocolonialisme français et de l’impérialisme occidental. Sous couvert de défense de la démocratie, des droits humains, des causes humanitaires, de nombreux agents de la Françafrique oeuvrent à saper la révolution panafricaine du 21ème siècle en tentant de la discréditer par l’accusation d’autoritarisme afin de légitimer les rébellions et les coups d’Etat anti-révolutionnaires contre elle. On a ainsi, tour à tour essayé en vain de réduire la lutte antiterroriste sahélienne en une campagne d’extermination des Touaregs et des Peuls ; tenté d’opposer les Musulmans aux Chrétiens ou aux Traditionalistes ; tenter d’opposer les régions nord contre celles du sud dans tous les pays sahéliens. L’AES a efficacement résisté contre ces manœuvres divisives, non seulement grâce à ses politiques de sécurité, de solidarité et de mobilisation internes, mais également grâce au soutien médiatique massif des militants, activistes et intellectuels panafricanistes qui, à travers les réseaux sociaux notamment, ont expliqué aux populations les enjeux de toutes ces manœuvres de diversion.
Perspectives de lutte
Pour ces trois raisons, l’AES s’est engagée à apporter soutien moral, juridique et au besoin matériel à l’ensemble des militants, activistes et intellectuels panafricanistes persécutés en raison de leur engagement pour la souveraineté africaine et l’émancipation des Africaines et des Africains sur tous les continents. Joignant l’acte à la parole, l’AES a déjà assuré, solennellement, entre autres actions concrètes, protection et reconnaissance officielles à plusieurs de ces activistes, militants et intellectuels à l’instar d’un Kemi Seba ou de Nathalie Yamb, nommés conseillers spéciaux du Président du Niger et bénéficiaires de passeports diplomatiques. La déclaration confédérale du 25 août 2025 bétonne donc en quelque sorte cette solidarité active dans le marbre de l’officialité et de la solennité internationale.
Quelles sont les perspectives politiques qui se dessinent à l’horizon de cette reconnaissance et de cette solidarité de l’AES envers les militants, activistes et intellectuels panafricanistes ? La révolution prendra sûrement le rythme de la contre-révolution. L’augmentation de la pression des puissances néocolonialistes occidentales contre les panafricanistes déclenchera l’augmentation de la mobilisation anticolonialiste et anti-impérialiste sur le terrain africain, avec en ligne de mire, des conséquences diplomatiques et commerciales sévères pour les intérêts des puissances persécutrices et de leurs alliés de l’oligarchie industrielle et financière occidentale. Pour le dire autrement, entre les panafricanistes et les impérialistes, les couteaux sont tirés. Les événements de rupture structurelle vont inévitablement s’accélérer.

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