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Les sieurs Attentat Nji et René Sadique, je le sais, bondiront de leurs chaises paresseuses à la simple lecture du titre de cette chronique. Leurs rares partisans sur les réseaux sociaux ne manqueront de saluer cette tribune par des sarcasmes, des menaces de coups et blessures voire de mort. Et ce ne sera pas son moindre mérite, car très peu de choses émeuvent encore ces thuriféraires et lobotomisés de la satrapie reptilienne du Cameroun, habitués depuis six décennies à distribuer et inspirer la peur, la souffrance, la misère, l'ignorance et la malemort au peuple camerounais.
Pourtant, un bref regard de l'autre côté de l'Océan Atlantique, à partir de la côte littorale du Cameroun, ne nous ferait pas grand mal. Le détour par l'ailleurs est parfois la meilleure façon de comprendre l'ici, par comparaison critique. Et si l'on se plaçait même sur les flancs du Mont Cameroun, avec de bonnes jumelles à télédétection astronomique de pointe, on verrait cette soeur géographique de l'Afrique, l'Amérique latine, et sur ses flancs est, l'immense Brésil.
Au Brésil, l'Equipe de Football des Corinthians contribua à l'émergence de la démocratie en appelant la dictature à libérer les prisonniers politiques et en appelant le Peuple brésilien à renoncer aux logiques de vengeance indéfinie. Cela se faisait à travers des messages diffusés pendant et autour des matches de football, aux rythmes endiablés de la samba et des favelas. C'est ainsi que le docteur Socrates et ses camarades contribuèrent à l'élévation de conscience du Brésil de leur temps, qui est depuis lors passé de la souveraineté des dictateurs à celle du peuple. De la dictature à la démocratie.
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Au Cameroun, une fête du sport-roi africain, le Football, commence le 9 janvier 2022. Pendant ce temps, des milliers de prisonniers politiques croupissent dans les geôles du pays. Près d'un million de personnes déplacées de guerre transhument à travers le pays. 10 millions de pauvres, vivant toujours sous le seuil des 2 dollars/jour, tirent le diable par la queue dans toutes nos villes et campagnes. Les droits politiques de l'opposition, des leaders d'opinion, intellectuels, artistes et autres objecteurs de conscience sont furieusement violés au quotidien par le régime tenu de main de fer par les héritiers du fantomal Paul Biya.
Une seule question brûle alors toutes les lèvres: les footballeurs camerounais, à commencer par le nouveau président de la fédération camerounaise de Football, Samuel Etoo Fils, auront-ils le courage, que dis-je l'audace spirituelle de marcher dans le sillage des glorieux coéquipiers des Corinthians de Sao Paulo, parmi lesquels de nombreux descendants d'esclaves venus d'Afrique?
Oseront-ils appeler à la fin de la guerre au NoSo, à la libération de tous les prisonniers politiques, à la fin des massacres d'enfants et de femmes à travers le pays, à la fin du tribalisme et du régionalisme, à la fin de la corruption, à la protection des jeunes, des femmes et des enfants du Cameroun par la pratique assidue de la Vérité-Justice de nos ancêtres angélisés à tous les niveaux de la société camerounaise? La CAN 2022 se transformerait alors en un véritable festival d'éveil du peuple camerounais. Car le sport, au service de la vie libre, digne, prospère, et partagée, c'est le summum de l'art au service de l'espérance humaine.
De même, j'exhorte toutes les équipes africaines présentes à cette compétition d'en profiter pour lancer des messages positifs pour l'éveil collectif des africains aux impératifs de leur émancipation de l'impérialisme et des dictatures, des fatalités qui depuis cinq siècles, empêchent la construction des Etats-Unis d'Afrique noire.
Pour ma part, seules ces manifestations d'humanité envers l'humanité africaine en péril pourraient changer le regard détaché que je pose sur cette fête du sport organisée dans un cimetière à tombeaux grands ouverts, comme une gueule du serpent-dragon Ouroboros dévorant les vivants sacrifiés.
Bien sûr, quel rêveur, ce Franklin Nyamsi Wa Kamerun! Il croit vraiment que cette CAN 2022 peut tourner au festival de la défense de nos libertés déchues? Je répondrai à ce sarcasme par une phrase de l'artiste Bingui Jaa Jammy: "Tout est possible, for godly men". Pour qui se dévoue à l'oeuvre du Ciel, aucune barrière terrestre n'est infranchissable. Donnons toujours une perspective à l'élan vital de la Liberté en toutes circonstances. Footballeurs camerounais et footballeurs d'Afrique, si vous voulez que l'Afrique rie franchement avec vous, gémissez désormais avec elle, et vous aurez pleinement accompli votre temps!
Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Le 2 janvier 2021