Pourquoi définanciariser que démondialiser ? et comment ?
Ne pas se méprendre sur la puissance des marchés financiers et de ceux qui tirent les ficelles. Outre le courage politique d'aller à contre courant, il vaut mieux aussi avoir un discours clair et précis, messieurs et mesdames les politiques, pour vous faire entendre et être suivi.
La démondialisation d'abord.
La vouloir c'est rejeter tout en bloc, et notamment les quelques bienfaits de la mondialisation: amélioration du niveau de vie des asiatiques, partage des technologies, augmentation des échanges commerciaux et valeurs ajoutées, ouverture culturelle etc.
Que voudrait dire démondialisation ? Réformer le commerce mondial ? Limiter les échanges avec des droits de douanes ? Donner de nouvelles règles aux organismes internationnaux ? Sans doute faut-il agir la-dessus mais, la France n'a pas les moyens de changer radicalement l'ONU, la banque mondiale et le FMI.
Concentrons nous sur la sphère européennne et notamment sur les règles de fonctionnement de la zone Euro. Ayons les idées claires et collaborons avec l'Allemagne pour installer au plus vite (en tout cas plus rapidement que les deux dernières années) une règlementation résolvant définitivement les difficultés actuelles.
L'effort est conséquent. Le gouvernement français a affiché sa volonté de réformer. Récemment, Claude Guéant affirme que " les traders ne produisent pas grand chose et s'enrichissent sur le dos des entrepreneurs. L'indécence ne sera plus supportée car elle n'est pas supportable " (rapporté par le Monde : au campus de l'UMP à Seignosse le 5 09 2011). Cependant, depuis deux ans, peu de changement. Peut-on espérer que le gouvernement actuel réduisent le pouvoir des financiers, ceux-là mêmes qui l'ont aidé à être en place ?
Pour réformer la finance internationale, donnons lui quelques raisons d'accepter les réformes. Après tout, elle n'est pas maso. Elle aimerait éviter les crises. Encore que, selon la stratégie de choc (de Noami Klein), c'est par la crise qu'elle étend son pouvoir.
Enfin, il faut la laisser jouer dans sa sphère sans qu'elle perturbe le domaine public. Mais elle y joue à ses risques et périls. Qu'elle n'attende plus l'aide des Etats en cas de crash, avec un clivage net entre sphère publique et sphère privée, le financement privé pour investissement privé, financement public pour investissement public. Elle s'auto régule comme elle veut. Que les agences de notations y règnent en maître, mais n'interfèrent pas avec le domaine public.
Le premier point clé est donc le financement public par une banque centrale ayant le pouvoir de battre monnaie et de financer les investissements publics. Les Etats de la zone Euro retrouvent une banque capable non seulement de contrôler l'inflation par la gestion du taux directeur mais de prêter de l'argent pour les investissements publics.
Cette mise en place entraine l'exclusion des banques privées dans la gestion de la dette publique notamment celle de la Grèce. Cette dette serait partiellement annulée (la partie illégitime) avec la mise en place notamment d'institutions draconiennes empêchant les possédants grecs de mettre leurs profits en Suisse.
Le second point, c'est l'instauration, à cette occasion (européanisation de la dette du pays), de l'équilibre budgétaire public (exploitation courante) et de n'avoir des dettes que pour les projets. Ces investissements seraient financés par des Euro Bonds.
Par ces orientations, les puissances financières n'interviennent plus dans le financement public Leur sphère reste immense et quelques règles supplémentaires sont nécessaires pour limiter leur influence.
1- Rétablissement de la séparation entre banque commerciale et banque d'investissements (Glass Steagall Act rétabli dans la zone Euro).
2- Rétablissement d'une fiscalité qui pénalise les activités spéculatives (argent facile) en faveur des activités "réelles":
- imposition plus forte des entreprises financières (qu'elles s'en aillent à la City !)
- avantages accordées aux entreprises non financières qui investissent tout le bénéfice (au détriment des dividentes distribués aux actionnaires).
A ces dispositions s'ajoute l'instauration d'une nouvelle tranche d'imposition pour les plus hauts revenus (concerne les traders notamment).
Il s'agit d'inciter les entreprises à mettre de l'argent dans l'activité non financière et qu'elles ne soient pas tentées de spéculer.
Ce sont quelques mesures pour définanciariser la zone Euro.
C'est contenir une certaine mondialisation !