Pourquoi s'émanciper des financiers et comment ?
Deux principes de base:
1- l'argent public et l'argent privé sont deux domaines à séparer. Si les banques sur le marché international sont en difficultés, ce n'est pas aux Etats à leur venir en aide. Le marché est un jeu où il y a des gagnants et des perdants. Ce n'est pas possible de spéculer tout le temps à la hausse, à un moment, il y a forcément emballement, doute et effondrement. Que le marché financier se régule comme il peut et de lui-même ou avec des organismes internationaux ! Qu'il veut la liberté et en paie le prix ! Qu'il se régule mais n'attende plus que les Etats garantissent quoi que ce soit.
La séparation des deux domaines est aussi à faire sur le plan du financement. Les Etats n'ont pas à se financer auprès des banques privées ou du FMI. Les Etats n'ont pas à rémunérer indéfiniment les capitaux privés. Cette rente perpétuelle, à cause du roll over, est une dépense qui va à des riches qui ne savent que faire de leur argent. Elle épuise l'économie sans stimuler la croissance. Les Etats doivent se réaproprier le pouvoir régalien de battre la monnaie et gérer leur besoin indépendamment des marchés. Au niveau européen, la BCE devrait, par exemple, obtenir ce droit en échange d'une dépendance à l'égard du parlement ou et des pouvoirs nationaux. Ceci entraine une rigueur car, le financement ne doit se faire qu'en liaison avec la croissance de la richesse publique. Il n'est pas question de financer le fonctionnement de l'administration publique. Celui-ci doit être équilibré. Le financement est à faire seulement sur des investissements publics. Les Euros Bonds sont une solution. Ils sont exclus du marché financier. Pas de spéculation possible donc sur ces montants.
2- La valeur ajoutée est un concept essentiel pour comprendre les évolutions économiques.
Depuis 6 décennies, la contribution des organismes financiers dans cette masse croît à un rythme annuel de plus de 10%, avec souvent une croissance à deux chiffres.
La part des salaires dans la valeur ajoutée par rapport à la rémunération du capital faiblit. L'équilibre des trente glorieuses n'existe plus.
Pour obtenir une activité économique permanente et une société plus juste, la valeur ajoutée est à partager plus équitablement. Les tendances actuelles, qui privilégient les possédants, sont à infléchir.
Comment s'émanciper des financiers ? Comment ne pas payer des intérêts qui dépendent des agences de notations ?
Si un organisme européen finance les besoins publics, celui-ci est indépendant des marchés financiers. Il s'applique sans doute à l'Allemagne et la France en premier lieu puis à toute la zone Euro. La dette antérieure publique est à soustraire du marché financier. Elle pourrait ensuite être annullée. L'organisme européen s'occuperait des investissments publics européens par l'intermédiaire des Euro Bonds. Il veillerait au budget de fonctionnement équilibré des Etats de la zone Euro.
Cet organisme n'a pas la priorité essentielle d'éviter l'inflation comme la BCE mais, elle aide le financement des Etats et gère la monnaie (taux de change de l'euro). Elle s'approprie le droit régalien de battre monnaie. Elle fait face à la banque fédérale des Etats Unis et aux autorités chinoises. Elle soustrait les puissances publiques européennes du marché international.
Aboutir à ce résultat nécessite explications et communications. Sortir du TINA (There Is No Alternative) actuel et voir autrement, différemment et radicalement avec courage et détermination.