Chère Caro,
Tu me permets de t’appeler « Chère Caro » pour réagir à ton blog de Médiapart titré « Cher Jean-Luc » ? Ce n’est pas seulement pour un équilibre des formes !
Je te dis « Chère Caro » car c’est comme ça que je m’adresse à toi habituellement.
Comme toi, je suis à la fois en colère, épuisée et triste des jours qui viennent de passer.
Ta tribune dans Médiapart ajoute à ma tristesse, à ma fatigue et à ma colère.
Pas uniquement parce que tu contribues au « Mélenchon bashing » que je constate dans les RS et dans la presse mais parce que ce faisant, tu brouilles la réflexion nécessaire sur la question des VSS dans le milieu politique.
J’ai longtemps hésité a publier cette tribune. Je ne voulais pas en rajouter.
Tes réactions à la préparation de la Marche du 16 octobre m’ont de nouveau beaucoup choquée. Je t’y ai répondu sur Twitter.
Aujourd’hui, je veux développer et argumenter.
Je ne veux pas catégoriser et hiérarchiser les VSS quelque soit le milieu où elles se passent, mais force est de constater que celles qui impliquent le milieu politique sont amplifiées médiatiquement et entrainent un déluge de commentaires, d’insultes, de jugements, de propositions de sanctions qui brouillent la sérénité nécessaire pour parler et agir sur cette question.
Jusqu’à Jean-Michel Aphatie qui, le 29 septembre demande la démission d’Adrien Quatennens dans une Tribune dans Libération. Etonnant, non ?
La gauche est particulièrement active dans cet exercice de brouillage.
Certainement parce qu’elle est plus impliquée dans la lutte contre les VSS, certainement parce que des Partis tel que LFI et EELV ont, les premiers mis en place, des commissions internes pour recueillir la parole des femmes et essayer de traiter en interne, l’enquête, le jugement et la sanction.
Cela en ordre dispersé, sans pour le moment, la moindre doctrine, méthode et déontologie commune.
C’est ce que d’ailleurs, demandent maintenant de nombreux responsables politiques de la NUPES, d’Olivier FAURE à des militantes et élues d’EELV conscientes des limites de « leur Cellule » interne chargée de ces questions. Ces dernières critiquant par ailleurs le fonctionnement de la même cellule au sein de LFI !!!
La NUPES ferait avancer la question si elle engageait une réflexion commune.
Oui, je veux réagir publiquement à ton blog public et non pas en privé puisque tu as choisi toi même, la forme publique pour une lettre que tu aurais pu envoyer à « Jean-Luc » de manière privée.
D’autant que tu en as la possibilité, étant liée depuis septembre à LFI par convention, pour la formation des députés.ées notamment sur ...les questions de VSS !!!
Pourquoi as-tu choisi de t’exprimer dans cette forme, avec une violence qui m’a mise mal à l’aise ?
Le tutoiement insistant, les conseils, les critiques, jusqu’à l’injonction « alors tais -toi » que tu exprimes publiquement, font tomber les frontières entre débat public et débat interne à un parti et règlement de comptes
C’est pourtant, un de tes reproches à Jean-Luc Mélenchon : avoir fait dans un tweet (forcement) public un message qui selon toi était du domaine du privé.
Tu agis de la même façon, avec des intonations de Maitresse d’école faisant la leçon à un jeune élève.
Pour ma part, j’éprouve une fort malaise à évoquer publiquement « l’affaire Quatennens ».
Ma première réaction a été « Maintenant foutez leur la paix ». D’autant que le procureur était saisi.
Hélas, cela n’a pas été le cas !
ns de Jean-Luc Mélenchon dans l’émission « Quelle époque » samedi dernier !
Il est clair que tu déplaces la polémique. Le procès n’est plus celui de Adrien Quatennens mais celui de Jean-Luc Mélenchon !
Ce qui me choque et m’interroge c’est le pourquoi !
Pourquoi as-tu écrit cette tribune directement et violemment adressée à ce « Cher Jean-Luc ».
En quoi clouer Jean-Luc Mélenchon au pilori, en quoi transformer « l’affaire Quatennens » en « affaire Mélenchon » fait avancer la cause des femmes et la lutte contre les VSS ?
Cette question me taraude d’autant plus que tu es une experte professionnelle des VSS et que ton cabinet a un contrat avec la NUPES, dans le cadre de « l’Ecole de la NUPES » que tu as créée pour notamment intervenir sur les VSS.
Pourquoi ce réquisitoire public ?
Est-ce « un document pédagogique » que tu vas diffuser dans le cadre de tes formations ? Formation que tu annonces d’ailleurs en fin de cette tribune : Ton intervention sur ZOOM pour le 11 octobre.
Tu annonces un désaccord politique profond avec Jean-Luc Mélenchon sur la façon de traiter les VSS? Parlons en !
Tu te réfères à de grands principes, au nombre de quatre auxquels Jean-Luc Mélenchon aurait dérogé. Qui les a édicté ? Où ont-ils fait l’objet d’un débat et d’un accord ?
Tu illustres cette transgression quasi exclusivement sur la base de ce premier tweet de Jean-Luc Mélenchon après le communiqué Adrien Quatennens.
Jean-Luc Mélenchon s’est depuis expliqué. Ton réquisitoire sent un peu le réchauffé !
Comme cela a déjà été fait, je pourrais reprendre et réfuter une à une tes accusations
- Non Jean Luc Melenchon ne félicite pas à Adrien Quatennens pour avoir giflé son épouse mais pour l’avoir avoué publiquement.
Il s’adresse à Adrien et Céline Quatennens. Pas comme tu le dis « à tous les hommes qui giflent leur femme et à toutes les femmes qui ont été giflées »
- Non Jean-Luc Mélenchon ne critique pas la police pour avoir transmis cette main courante au procureur mais pour avoir vendu (500 euros, c’est je crois le tarif) cette information au Canard Enchainé.
- Oui entre la publication de Canard Enchainé et le Communiqué de Adrien Quatennens , et malgré le Communiqué commun de Céline et Adrien, « le voyeurisme médiatique » s’est déchainé.
- Oui, la graduation des peines est un principe fondamental de notre Droit et il est incongru que certaines demandent la démission du mandat de député, sans autre forme de procés!
- Non Jean -Luc Mélenchon ne cherche pas à discréditer la parole des femmes.
Tout cela, je sais que tu le sais et je ne ferais pas affront à ton intelligence !
Le tweet et les propos de Jean-Luc Mélenchon à sa suite, ont été (déjà trop) analysés et commentés.
Beaucoup de monde a compris le contexte et le sens de ses propos. S’ils sont maladroits, je crois pas qu’ils puissent être, seuls, de nature à créer une crise politique au sein d’un Parti, LFI, dans lequel tu es engagée et au sein de la NUPES que tu soutiens au point d’avoir créé « l’Ecole de la NUPES ».
J’en suis donc à ces questionnements qui me troublent et me font mal.
J’espère que la sérénité et la raison reviendront dans ce débat nécessaire.