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Billet de blog 7 août 2008

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Voici ce que j’écris dans mon livre: www.paradis-ciel.info

“Un journaliste au Paradis”, publié en décembre 2007

- Lors de mon retour à Paris, vers la fin mai, pour prendre quel­ques jours de repos et essayer d’évacuer ce cauchemar avec force cal­mants, j’ai été informé par mon Journal que le Président de la République sou­haitait me voir. Je m’attendais aux pires reproches pour l’avoir égrati­gné dans mes articles sur le manque de réaction de la France lors du conflit rwandais. À ma grande sur­prise, Mitterrand se montra très ai­mable et parfaitement au courant de mon cursus journalistique depuis une bonne quinzaine d’années. Il me questionna longuement sur le gé­nocide que je venais de vivre sur le terrain. J’en ai pro­fité pour l’exhorter à agir avant qu’il ne soit irrémédiablement trop tard, avant qu’un peuple entier ne disparaisse de la planète. Il ne se livra guère, comme à son habitude, me laissant toutefois entendre que son état-major avait sous-estimé l’escalade du conflit et qu’il n’allait pas rester inactif…

- Victor, je dois vous confier un secret qui ne l’est que pour les Terriens, chuchota Jean XXIII. Votre président Mitterrand ne séjourne pas au Paradis. Il est en quarantaine, au Purgatoire, jusqu’à ce qu’il soit statué sur son sort. Des pans entiers de sa vie ne sont pas clairs et né­cessitent que nous les examinions en détail. Nous nous sommes éton­nés de sa conversion soudaine et de son enterrement religieux à Jarnac alors que nous l’avions toujours considéré comme mécréant. Que se passa-t-il ensuite ?

- À fin juin 1994, quand tout était consommé, ou presque, que l’on fit le compte de près de huit cent mille morts, pour la plupart des ci­vils, la France procédait à l’opération « Turquoise ». Un bien joli nom, turquoise, du nom de cette pierre fine d’un bleu tirant sur le vert comme les reflets du lac Kivu qui sépare le Rwanda du Congo. Un bien joli nom, turquoise, pour une opération, qui devait être « uniquement huma­nitaire ». L’armée française s’empressait d’arriver à la fin du repas des buveurs de sang, alors qu’il ne restait que des ossements à ronger sur les charniers. Un bien joli nom, turquoise, pour une action soi-di­sant humanitaire qui com­portait l’envoi d’une armada de soldats aguerris, dotés d’un arsenal de guerre : avions de chasse, hélicoptères de combats et batteries de mortiers lourds ! Un bien joli nom, tur­quoise, venu à l’esprit du Président François Mitterrand, soi-disant humaniste… qui avait déclaré à l’un de ses proches : « Dans ces pays-là, un génocide, c’est pas trop important ».[1]

Ce jour-là, Tonton n’était plus Dieu, il était le Diable en personne ! Ce diable-là se prétendait spécia­liste de l’Afrique. N’avait-il pas été Ministre des Colonies durant la quatrième République et Ministre de l’Intérieur au début de la guerre d’Algérie. Puis, au cours de ses deux mandats présidentiels, il avait eu la haute main sur la cellule africaine de l’Elysée et faisait exécuter ses basses œuvres par son fils, Jean-Christophe Mitterrand, plus connu sous le sobri­quet de « Papa m’a dit ».


[1] Phrase rapportée par Patrick de Saint-Exupéry dans son livre :L’inavouable, La France au Rwanda, Editions des Arènes, 2004

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