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Billet de blog 8 mai 2008

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Marseille

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Parlons-en de Marseille puisque l’on y est ! Voici ce que j’écrivais à son sujet, il y a quelques mois :

J’adore cette ville que j’ai apprivoisée de la terre et non de la mer ! Pourquoi ne serait-elle pas la plus belle ville de France… puisqu’on dit de Paris qu’elle est la plus belle ville du Monde ? Je ne suis pas le seul à l’aimer. Même « Libé » a consacré un supplément à Phocéa. Avec des titres flatteurs :Le vent du changement -Sur les chantiers de la gloire – Des projets et des stars - La ville rêve d’un destin européen.

Un article, signé par Cindy Peyret, a retenu mon attention : La cagole, un cliché haut en couleur. Trouvez la définition de la cagole et je vous offre une bouillabaisse sur le Vieux Port ! Libé nous apprend qu’à l’origine, la cagole est une fille de petite vertu, du provençal cagoulo, blouse, long tablier porté par les ouvrières au début du siècle passé. Et comme leur salaire était misérable, certaines monnayaient leurs charmes pour quelques sous après le boulot. Aujourd’hui la cagole est une sorte de bimbo, blonde décolorée, sapée fluo, accent popu qui, dixit l’écrivain marseillais Serge Scotto: « Ce sont des déesses de la rue, elles ont une arrogance, elles n’ont pas peur des mecs ».

J’ai découvert Marseille puceau, il y a près de 50 ans, venu d’Helvétie à motocyclette, pour embarquer sur un paquebot de la Cie Générale Transatlantique à destination de la Tunisie fraîchement décolonisée. Sans connaître leur surnom, j’ai bien dû être cajolé par l’une ou l’autre cagole !

Chaque fois que je retourne à Massilia, j’arrive par l’autoroute de l’Estaque enserrée entre des rochers abrupts et arides où même les chèvres ne trouveraient pas leur pitance. On se croit au bout du Monde. Puis, d’un seul coup la mer, les îles du Frioul, la rade, la ville, la Bonne Mère s’offrent à nous en un panorama unique et grandiose. A chaque fois, j’écarquille les yeux, l’émotion m’étreint comme autrefois lorsque je débouchais par la route sinueuse du Rove, venant de Martigues par la Côte Bleue. Le rituel est immuable, je surplombe les anciens docks, les ports marchands, la Joliette, je contourne le Vieux Port et m’en vais par la Corniche vers le Prado, la Pointe rouge jusqu’à Calle Longue. Ici, la route carrossable s’arrête pour laisser la place à un sentier tortueux qui vous mène à la calanque de Sormiou.

Au passage, je me rappelle mes souvenirs de jeunesse, la rue Paradis, la plage des Catalans, l’hôtel Perron. De ce côté-là, je retrouve mes amis, Bernard, Jean-Louis, Etienne. Je fais bombance à Endoume ou au vallon des Auffes. En hiver un théâtre au Cours Julien, à la Criée ou à l’Odéon.

Pour moi, Marseille est visuel, c’est le bord de mer, de l’Estaque aux confins de la Pointe rouge, cette rade qui n’a que peu changé au cours des ans. Au delà de la Cannebière, de Belsunce, de la gare St. Charles, de la porte d’Aix, la cité m’est inconnue. Je me perds régulièrement dans ces avenues qui s’entrecroisent, dans ces dénivelés autoroutiers qui surplombent cette ville immense, que je crois anonyme, sans âme comme le sont la plupart des grandes cités. Il me reste à découvrir ces quartiers, ces villages collés les uns aux autres, ces habitants bigarrés débarqués des quatre coins du monde. Ouverte sur le monde, fortede cette diversité ethnique et culturelle, la capitale méditerranéenne bouge, transfère ses zones industrielles au dehors, ravale ses façades, s’urbanise, crée des emplois et rêve d’un destin européen, sans doute pour le plus grand bien de ses habitants et de sa jeunesse.

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