Et autres prix littéraires. Deux mois avant l’attribution des prix littéraires, les jurés publient une sélection de papables. Les critiques y vont gaiement de leurs pronostics avec peut-être l’arrière pensée d’influer sur le verdict. A priori, on ne peut écarter un certain lobbying exercé par le service de presse des éditeurs. C’est toujours bon à prendre puisqu’il n’y aura que trois ou quatre livres primés sur une quarantaine d’ouvrages pressentis. L’art consiste donc à maintenir le suspens, à susciter des ventes conséquentes. En effet, le lecteur ne sera pas peu fier de découvrir le lauréat avant tout le monde et de s’en glorifier.
Pendant ce temps - deux mois c’est long - le supplice commence pour les auteurs cités qui se mettent à espérer une récompense méritée, couronnant enfin toute une vie d’écriture. Certains figurent sur plusieurs listes, augmentant ainsi leurs chances.
Patatras, au moment où tombe comme un couperet la deuxième sélection, voire la dernière. Que d’espoirs déçus, de frustrations contenues de se voir éliminé sans même pouvoir défendre son œuvre. Bon sang de bon sang, il ne reste plus qu’à se remettre au travail, à patienter jusqu’à l’année prochaine. Jusqu’à se montrer solidaire avec le dernier carré des suppliciés qui reste en lice, ceux qui vont se languir encore une semaine jusqu’à l’ultime décision.
La pratique qui consiste à nominer des auteurs puis à les éliminer l’un après l’autre est détestable. La sélection devrait rester secrète. Forcément au détriment du business !