18 septembre 2014
Le livre « Pour les musulmans », Edwy Plenel, La Découverte, sort aujourd’hui dans les librairies. A cette occasion, je publie l’article paru dans « Révoltons-nous… Bon sang », mars 2012
« Le racisme en France a pris et peut prendre plusieurs facettes, allant de la simple xénophobie jusqu'au racisme d'État ».
Cette définition est inscrite en première page d’un site d’information libre. Cette seule phrase résume ce qui s’est passé au cours des siècles, depuis l’époque de l’esclavagisme jusqu’à l’antisémitisme. Nous n’allons pas refaire la synthèse de ces siècles d’obscurantisme, à une exception près, cependant. Lors de l’Exposition universelle de 1889 à Paris, à l’occasion du centième anniversaire de la Révolution française et de l’inauguration de la Tour Eiffel, l’une des principales attractions était le village nègre ! Sur l’esplanade du Champ de Mars, on exhibait, comme des bêtes sauvages dans un zoo, des centaines d’Africains, ni plus, ni moins apparentés à des singes à qui l’on jetait des déchets de viande crue. Que l’Etat n’aurait-il pas fait afin de justifier la colonisation ! L’Exposition coloniale de 1931 en fut une confirmation… Pas étonnant que le racisme a la vie dure et qu’il se soit banalisé jusqu'à aujourd'hui.
On utilise encore, à tort, le terme « race » pour différencier les trois grandes subdivisions de l’espèce humaine en Jaunes, Noirs et Blancs ! Comme si physiologiquement nous étions différents… Comme si le métissage n’existait pas ! Pour les esprits simples et incultes, la couleur de la peau humaine est encore le principal argument dont ils étayent leur idéologie raciste. Doit-on faire un cours sur l’évolution de l’espèce humaine depuis l’Homo sapiens… qui a peut-être copulé avec l’homme de Néanderthal ?
L’usage du mot « race » doit être définitivement banni du vocabulaire pour désigner les humains de diverses provenances. Le seul vocable digne d’être utilisé pour désigner les particularités physiques et culturelles des populations est celui d’ethnie. Elles se sont constituées sur les continents au cours des millénaires, selon les climats, les régions, les modes de vie, les cultures, les idiomes et les religions. Au 20ème siècle, la non-acceptation de l’autre qui ne vit pas, ne pense pas et ne parle pas comme nous a pris l’expansion d’une xénophobie mondiale. Elle est omniprésente et particulièrement virulente envers les peuples du sud, ceux de couleur, les Arabes notamment. Elle s’est amplifiée dans la deuxième moitié du siècle passé avec l’abandon des colonies à des potentats, l’accueil des immigrés, des réfugiés, la facilité des transports, aériens en particulier, la libre circulation des personnes dans l’UE. La xénophobie se manifeste parfois par une peur irraisonnée, par un réflexe au coin de la rue, dans une file d’attente, au bistrot, lors de conversations privées. Hélas, aussi dans les urnes !
On ne peut nier que la xénophobie aille de pair avec une immigration quasiment incontrôlable. Cette immigration est essentiellement d’ordre économique, causée par la misère, le déséquilibre nord sud, les conséquences des révolutions au Maghreb. Face aux exclus, aux clandestins, l’Etat agit avec une détermination féroce, fixe des quotas, affrète des charters, des trams… créant un climat délétère et xénophobe. Les tentatives de débats sur l’intégration, l’identité nationale, l’islam et la laïcité n’ont fait qu’exacerber les passions et les divisions à des fins purement électorales. Rebelote lorsque le président Sarkozy pète publiquement les plombs à Grenoble en fustigeant et en évacuant les Roms suivant une distinction inacceptable, dans des conditions discriminatoires. Au mépris de la Convention européenne des droits de l'homme !
Ce chef fantoche d’une armée en déroute, otage d’une droite pure et dure, oublie-t-il qu’il est issu de l’immigration ? Son comportement égocentrique donne à penser que son intégration ne correspond pas aux valeurs républicaines ! Certes, le problème reste entier. « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. (Michel Rocard)