Mon dernier livre…
Site actuel du Golgotha
Extrait de la rencontre avec Jésus dans le livre :
« Un journaliste au Paradis »
Fred Oberson, décembre 2007
- Fallait-il pour cela endurer le calvaire jusqu’à la mort, au Golgotha, alors que tu n’étais pas le fils de Dieu, questionna Victor ?
- Mes chers amis, nous sommes tous des fils du Créateur ! À cette époque, sous l’administration d’Hérode, supervisée par le préfet de Rome Ponce Pilate, les châtiments corporels, la lapidation et la mise à mort par crucifixion étaient monnaie courante pour les fauteurs de troubles et les malfrats. J’ai songé un moment à modérer mes propos, à battre en retraite, à me cacher, pour échapper au supplice. J’aurais pu faire jouer les relations que j’avais nouées, en haut lieu, notamment avec la femme de Pilate qui, jusqu’au dernier moment, insista auprès de son mari pour que je sois épargné. J’ai pensé également que mon Père adoptif m’avait abandonné. Mais Il savait que j’étais déterminé à aller jusqu’au bout et que mon supplice Lui rendrait service. Il fallait frapper fort. Il fallait que j’y aille, que je devienne un martyr, pour que mon message parvienne aux hommes et franchisse les siècles jusqu’à vous. Et après vous. J’ai vécu un moment intense lorsque je portais ma croix, soutenu par Simon de Sirène, l’ami fidèle. Les autres, ces renégats, s’étaient éclipsés de peur d’être arrêtés comme complices. Le long du calvaire, une foule s’était amassée pour voir la bête curieuse. Mes partisans m’acclamaient, mes détracteurs me lançaient des quolibets ou me crachaient à la figure. À l’écart, se tenait ma mère, Marie, entourée de ses autres enfants, mes frères et sœurs, et d’amis. Il me semblait lire dans le regard de maman, à la fois une tristesse infinie et une certaine fierté de voir son fils accomplir son destin jusqu’au bout de ses forces. Mes douleurs s’estompaient par miracle, je ne sentais plus les épines qui me labouraient la tête. Il me semblait être en représentation sur une scène. Le pressentiment que ce spectacle serait rejoué d’année en année, jusqu’à la nuit des temps, me dopait. Je me surpris à éprouver une sorte d’orgueil, de vanité même, comme une star du show-biz aujourd’hui. Arrivé au sommet du mont des Oliviers, j’ai sombré dans l’inconscience lorsque les gardes d’Hérode ont cloué mes mains et mes pieds sur la croix.
Victor ne put s’empêcher de provoquer Jésus, de le pousser dans ses derniers retranchements :
- Tu racontes ton histoire, ta condamnation, ta mise à mort, sans acrimonie envers tes bourreaux. Honnêtement… tu l’as désirée, tu l’as provoquée cette mort, pareil à un kamikaze d’aujourd’hui. Cela valait-il la peine d’accomplir cet acte suicidaire pour racheter les péchés du monde, quand on voit ce qu’il en est aujourd’hui ?
- Sous un certain angle, on peut admettre que j’ai été le premier kamikaze de l’histoire. Si l’on songe aux répercussions de cet acte, j’ai eu raison de l’accomplir. J’ai peut-être suscité des vocations parmi ces jeunes Palestiniens, mes descendants, qui sacrifient leur vie pour la cause de ce peuple opprimé. Je rends hommage à leur courage, à leur foi, mais je suis en total désaccord avec eux sur leur manière d’agir parce qu’en se donnant la mort, ils la donnent aussi à des innocents. Certes, la Terre ne tourne pas rond comme je l’aurais souhaité. Il faudra encore des années, voire des siècles, pour faire passer mon message d’amour et de tolérance parmi les peuples. Reconnaissez que depuis deux mille ans, depuis le Nouveau Testament, des progrès notables ont été accomplis… Hélas, je n’ai aucun pouvoir miraculeux pour raisonner les hommes, les guérir du Mal endémique dont ils souffrent.