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Billet de blog 22 août 2008

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Grâce ou à cause de Mediapart ?

Mediapart a quatre mois. Depuis ce jour-là, j’ai négligé la rédaction de mon prochain livre pour lire, pour bloguer, pour éditer, pour participer, modestement à la vie de ce journal unique dans les annales de la presse hexagonale.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Mediapart a quatre mois. Depuis ce jour-là, j’ai négligé la rédaction de mon prochain livre pour lire, pour bloguer, pour éditer, pour participer, modestement à la vie de ce journal unique dans les annales de la presse hexagonale.

Eros - 410 av. J.C.

Parfois, je me reprochais d’y consacrer trop de temps, au détriment de mes autres activités. J’avais déjà « blogué » ailleurs, sur ces supports numériques qui permettent de publier et d’être « visité » en temps réel à défaut d’être peut-être lu… Ne dit-on pas que les statistiques sont menteuses ?

Le haut niveau journalistique et l’interactivité de Mediapart entre le club et les professionnels de l’écrit m’ont obligé d’affiner mes billets, d’améliorer mon style, ma syntaxe, de titiller mon imagination, de sortir des sentiers battus, même si ceux des Alpilles méritent d’être parcourus !

Je conclus :

Grâce à Mediapart, à cet exercice quasi quotidien, il me semble être devenu un musicien qui fait ses gammes, un athlète de l’esprit qui développe ses neurones.

A cause de Mediapart, mon prochain livre ne sortira pas à la rentrée d’automne. J’ai repris sa rédaction. Elle sera sans doute meilleure ! J’aurai moins de peine à trouver un éditeur…

Alors, en exclusivité, pour vous, chers amis,je vous livre quelques pages de ce roman intimiste :

(Chapitre 14 – C’est Elle)

A son retour au bureau d’un voyage à l’étranger, on présenta à John une nouvelle collaboratrice qui avait pris du service en son absence. Elle était vêtue d’une robe courte en cotonnade de couleur vert pastel qui lui seyait comme un gant. De taille moyenne, son corps était mince, élancé, ses jambes d’un galbe parfait. Sous un léger décolleté, on devinait deux petits seins fermes et bien plantés. Une chevelure auburn encadrait sa tête jusqu’aux épaules. John osait à peine regarder son visage délicat, ses lèvres fines, ses yeux rieurs et peut-être verts ou bleus. Elle semblait à l’aise, avenante et aucunement impressionnée par leur rencontre. En un mot, cette femme de 25 ans était en tous points séduisante !

Déboussolé, abasourdi par cette entrevue, il bredouilla quelques mots maladroits de bienvenue et se dit en lui-même : c’est Elle !

Avait-t-elle remarqué son embarras, l’avait-t-elle pris pour un distrait, un timide ou un ours mal léché ? Il se posa la question toute la journée et se reprocha de n’avoir pas été à la hauteur de son rang de patron. Il pensa un instant consulter son dossier, se renseigner discrètement sur cette femme qui l’avait subjugué au premier contact. Il n’en fit rien, puisque « c’était Elle ».

Il prendrait le temps de l’approcher, de la découvrir, de la connaître et, il n’en doutait pas un instant, de la séduire. Il pressentit pourtant que ce ne serait pas chose facile et qu’il devrait faire preuve d’une patience infinie pour qu’elle se dévoile à lui. Si tant est qu’elle veuille bien le faire. Après tout, il était un homme comme un autre et quel intérêt aurait-elle à lui prêter attention plutôt qu’à un autre ? Elle avait postulé un emploi dans l’entreprise de John parce qu’il correspondait à ses aptitudes et elle avait été engagée parce qu’elle avait le profil recherché. Et rien d’autre.

De toute façon, ses collègues, jalouses des nouvelles venues, l’avaient certainement informée des penchants du patron pour la bagatelle et les jolies femmes. Rien à espérer de sérieux avec ce dragueur. Elle avait certainement répondu, d’un ton assuré, que cette éventualité ne lui était pas venue un seul instant à l’esprit, n’ayant pas fait acte de candidature à une agence matrimoniale !

C’est peu dire que John se faisait tout un cinéma. Mais la réalité était là, tous les jours. Et tous les jours, il trouvait moult prétextes pour l’entrevoir, de loin ou de près, selon les circonstances. Plus il la voyait, plus il était convaincu que c’était Elle, la femme de sa vie. Plus il pensait à cette femme, plus il l’aimait. Et plus il aimait, plus il doutait qu’elle fût amoureuse de son côté. Il vivait presque en état de psychose, incapable d’avoir un comportement normal puisque tout tournait autour d’Elle. Jamais il n’avait ressenti des sentiments aussi forts, doutant que cela puisse exister.

Il ne pouvait demeurer transi comme un amoureux éternel, il lui fallait secouer la léthargie béate dans laquelle il se complaisait, sortir du rêve, passer à l’action. Comment s’y prendre avec une femme qu’il devinait intelligente, perspicace, sensible, sans courir le risque de la heurter et de tout gâcher ? Il savait qu’à sa première tentative, Elle aurait tout compris, sans rien laisser paraître. Même s’il respectait les convenances, Elle le verrait arriver avec ses gros sabots, en l’occurrence des mocassins en pécari !

Et zut ! ça passe ou ça casse, se dit-il. Elle accepta une première invitation à déjeuner, se fit accompagner par une collègue, puis une deuxième, puis une troisième fois. Toujours avec un chaperon, une garde du corps ou du cœur, se demanda-t-il ?Qu’importe, l’essentiel était qu’elle soit là, face à lui. Au cours de ces rencontres conventionnelles, Elle fut tour à tour espiègle, souriante, vive, attachante, parfois lointaine, rarement renfermée et triste. Il n’apprit rien de la vie de cette femme discrète alors qu’il éprouvait le sentiment de vivre en osmose avec Elle, d’être en Elle, de penser comme Elle, alors qu’il ne la connaissait pas. Le miracle de l’amour, se disait-il, à sens unique !

John lui fit la cour, sans lui faire la cour. Il n’osa pas lui dire, de but en blanc, qu’il l’aimait, que c’était Elle l’élue de son cœur, que c’était Elle qu’il attendait depuis toujours. Mais il était sûr qu’elle le savait, même si elle restait impassible, de marbre, face à son attitude équivoque. Elle demeurait dans le vague absolu, ce qui forcément le titillait. Jamais, Elle ne lui dit qu’elle ne l’aimait pas, jamais Elle ne lui dit : soyons bons amis. C’eût été plus simple. Il aurait compris qu’il faisait fausse route, qu’il devait peu à peu battre en retraite, s’entraîner à l’oublier.

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