Fred Oberson
Et l’homme créa Barbie
Nouvelle
« Ecrire n’est pas pour moi un substitut de l’amour, mais quelque chose de plus que l’amour ou que la vie » Annie Ernaux 1963
La poupée Barbie de ta frangine va avoir plus de soixante piges, l’âge de la retraite, mais elle continue à turbiner ! Il n’a pas été nécessaire de la lifter sous toutes les coutures pour qu’elle conserve sa peau de pêche plastifiée. En revanche, pour ressembler à son idole, ta compagne quinquagénaire, par crainte d’être mise au rancart, a eu recours au bistouri du chirurgien miracle. ça t’a coûté la peau du cul pour un piètre résultat : la peau tendue comme un tambourin, elle n’ose à peine sourire, plutôt une grimace, un rictus de se sentir vieillir. Les crèmes de jour, de nuit, d’avant et d’après l’amour, il y a un temps pour cela, n’ont fait qu’enrichir la fabricante la plus riche de France, une vieille peau, elle aussi, qui n’avait plus toute sa tête. Une fortune, qu’elle a claquée, ta copine, des centaines de pots et de tubes, ça doit bien faire des dizaines de kilogrammes de pâte à polir, plus une bonne centaine de séances chez l’esthétichienne.
Que n’a-t-elle pas fait pour garder son corps de fillette pubère, son look à la Barbie, ne pas grossir, se priver des plaisirs de la vie et de la bonne chair pour soigner la sienne. Maigre, je te dis, la peau ridée, fendillée, pas de cuisses, pas de fesses, des guibolles veinées couleur bleuet. Question nibards, ballonnés comme une chambre à air, tu l’as convaincue de ne pas y toucher, ne pas les grossir encore à la « silicone valley ».
Ce n’est pas un homme libidineux qui lança Barbie mais la femme d’un industriel américain du jouet qui, lors d’un voyage dans les montagnes helvétiques, le pays de Heidi, acheta pour sa fille une poupée publicitaire blondasse au corps d’adulte, « made in Germany », qui s’appelait Bild Lili, en souvenir de Marlène. De retour aux US, l’Américaine copia et fabriqua en 1959, sans droit de licence, une parfaite réplique de la poupée et cette « women business » la commercialisa sous le prénom de Barbie.
A ne pas confondre avec un certain Klaus, le boucher de Lyon de sinistre mémoire, pour avoir raflé et déporté, le 6 avril 1944, les 44 enfants d'Izieu qui n’étaient hélas pas des Barbies de plastic.
Dès sa naissance, la pseudo-poupée, à son corps de rêve défendant, n’est donc pas la sainte ni-touche que l’on pourrait croire. Habillée d’un costume de bain rayé noir et blanc, la Barbie fait polémique, elle est trop femme, trop sexualisée, un brin nunuche pour être mise entre les mains des petites filles.
Contre toute attente, le succès est immédiat, plus de 200.000 Barbies sont écoulées le premier mois ! Au rancard donc, le bébé joufflu de tes grands-mères qui, sur commande disait maman, fermait les yeux ou faisait pipi dans de beaux draps cousus main. La poupée Barbie avec sa poitrine opulente, sa taille fine et ses longues jambes allait, en effet, totalement à l'encontre du style rond et asexué des poupées de l'époque. En cela, elle fut la seconde poupée au corps d’adulte après la Bild Lilli.
Pourquoi cette Barbie est-elle si adulée ? En observant sa fille Barbara, Ruth Handler - l’une des fondatrices de Mattel - a bien compris qu’un poupon pour jouer à la maman ne lui suffit plus. Ce qu’elle aime, c’est habiller, déshabiller et inventer des vies et des histoires à ses poupées de plastic qui ressemblent à des adultes.
Pour la petite histoire, le petit fabricant allemand de la Bild Lili fit faillite, n’ayant pas eu les moyens de poursuivre en contrefaçon la société américaine milliardaire. Une race d’envahisseurs ces amerlocks ! Et Mattel de mettre en vente sa première Barbie vêtue d’un simple maillot de bain puis inciter l’achat de toute la garde-robe conçue par les couturiers de Mattel !
La Barbie était toute neuve, elle avait traversé l’Atlantique dans les années soixante, bien après l’arrivée du Coca-cola et des Marlboro. Tes copines viennent à peine de s’identifier et de se confondre avec le déferlement de ce produit de consommation d’après guerre qui se paie en dollars ! Si t’as quelques ronds, c’est l’occasion de l’offrir à une pauvresse en l’attente d’une compensation ! Rien n’est gratuit dans l’amour, c’est donnant-donnant.
Barbie est tout le contraire de Blanche-neige, elle n’attend pas son prince charmant, elle a été programmée pour rester vieille fille toute sa vie. Ken n’est jamais présenté comme son mari mais comme son petit ami, peut-être vivent-ils en concubinage ?
Ces concepteurs n’en sont pas à un paradoxe près puisqu’ils l’affublent d’une collection de robes de mariage, faut bien vendre ! Et lui refiler une copine, la poupée Midge, dont son rôle est de se marier et d’avoir des enfants. Au fil des années, pour faire du chiffre, on lui invente une famille, des frères et sœurs et des amis de toutes les couleurs, ouf, l’apartheid a fait son temps !
Une multitude de carrières s’offrent à elle. Parmi les métiers de Barbie, on trouve aussi bien la candidate à la présidentielle des États-Unis que la serveuse chez Mc Donald’s.
Depuis deux, trois générations, des milliards de fillettes de par le monde ont été atteintes de barbiemania. Par contre, son petit ami, Ken, un androgyne dont on avait émasculé le zizi - pudibonderie US oblige - n’a jamais atteint le sommet de l’affiche, ce qui explique que le couple Barbie n’a pas eu de descendants. Des clones, rien que des clones à l’identique.
La poupée mannequin s’est incrustée insidieusement dans les mœurs des fillettes par la ruse et la puissance d’un marketing tout azimut. Dès leur plus jeune âge, elles se sont identifiées à la féminité sexy de la Barbie, elles ne sont déjà plus des enfants mais des femmes en devenir. Elles sont des Barbies de chair, des bimbos, des princesses que l’on habille et déshabille à volonté, comme le faisait la camériste à la Cour du Roi.
Les poupées Barbie ont donc révolutionné les années soixante, elles sont un pur produit des trente glorieuses. Un jouet pas si innocent que ça pour conditionner les fillettes, les projeter dans leur future métier de femme, d’épouse et de mère.
Un corps filiforme, un bout de plastic moulé à l’emporte-pièce, à la cadence de robots au turbin jour nuit. Et des habits à foison, toute une collection façonnée, pièce par pièce, par de petites mains chinoises, du prêt à porter de quatre sous, une taille unique de trente centimètres, de quoi vêtir sur toutes les latitudes une cinquantaine de nanas de toutes couleurs. Chanel devait avoir la côte, sauf pour les robes de mariage où Saint-Laurent tenait le haut du pavé à la sortie de l’église. Quant à Karl Lagerfeld, il s’est planté avec la mise de Ken !
Depuis la fin des années soixante, il existe une Barbie black, tout comme un personnage noir chez Lego, "mais surtout ne pas modifier la silhouette", Mattel ayant fait en sorte que cette Barbie n’ait pas le look d’une personne de couleur, par exemple une coupe de cheveux africaine. Donc pendant plusieurs années, Mattel s’est contenté des traits d’une poupée occidentale, il n’est pas allé au bout de sa métamorphose. Puis, il a conçu non seulement une Barbie rondelette, disponible dorénavant en sept couleurs de peau différentes, rompant avec une vision trop simpliste.
Elle a bien entretenu les clichés sur la beauté parfaite, ses mensurations surréalistes, son make-up toujours nickel et ses cheveux soyeux qui ont refilé des complexes à plus d’une fille en imposant un idéal de silhouette inatteignable. Mattel l’a bien compris et passe enfin le cap d’une beauté plus réaliste en proposant en 2016 de nouvelles silhouettes qui reflètent mieux le corps des « vraies » femmes. Il était temps !
Tu étais jaloux des Barbies de ta sœur, à moins de jouer les fillettes en délaissant la panoplie des Dinky Toys, ces bolides miniatures avec lesquels les garçons, faisaient vrombir leurs moteurs d’Indianapolis à Monza, se prenant pour Fangio ou Ascari. Tu t’étais juré qu’un jour tu embarquerais des barbies, grandeur nature, bien en chair, à bord de ta Ferrari.
Tu avais été à bonne école, de quoi fantasmer avec ces blondes gamines aux yeux bleus, au corps filiforme, mais dotées de sacrés nibards. A force d’observer ta sœurette les déshabiller de haut en bas, elles n’avaient plus de secret pour toi bien qu’en principe ce n’était pas un joujoux de garçon. Pas touche te disait ta mère, le regard furibard, de peur que son fils se féminise en jouant à la poupée bien qu’un sur cinq y prenait goût !
Du coup les grands garçons, disons les ados pour ne point leurs créer des complexes de boutonneux, se sont mis à nommer leur copine ma « Barbie ». La meuf n’avait pas encore pris ses quartiers de noblesse dans les cités. La mode était d’actualité à la télévision, même si une seule chaîne, l’ORTF étatique, vous balançait des produits censurés par un certain Roger Peyrefitte, daltonien sans doute, qui pronostiquait le péril jaune pour donner le change au bleu de la République gaulliste.
Dans l’attente de mai 1968 qui tardait à venir, de libération de la société, des mœurs et des coutumes, on se masturbait, on se faisait sucer au petit bonheur la joie par nos barbies de pacotille. C’est sans doute à cette époque qu’un journaliste connu déclara en direct à la TV qu’il était homosexuel. Quel scandale de dire tout haut, cette différence, ce tabou que l’on cachait au commun des mortels.
En matière de sexualité, les humains ont toujours été des cachottiers, des hypocrites, honteux de reconnaître que sans une partie de jambes en l’air, ils ne seraient pas de ce monde. La survie de la race est à ce prix ou à ce plaisir là ! Encore qu’en matière de plaisir, chacun peut épiloguer à sa manière. Devez-vous mettre de côté les rapports douloureux, imposés à la hussarde par des mâles sans peur ni reproche ? Les femmes se mettent enfin à s’exprimer, c’était le moment depuis l’époque de cette chère Simone de Beauvoir !
Faut-il se réjouir que les homo-sapiens ont survécus aux néandertaliens ? Encore que tu te demandes souvent s’il n’y pas eu quelques copulations dont il te reste des séquelles et pas nécessairement les plus mauvaises ! Une histoire préhistorique de la jalousie, puisqu’on en déduit qu’ils ont été victimes de la cruauté des Sapiens.
Tu t’es donc mis dans la tête de draguer toutes les barbies de ton âge, prenant garde, en principe, (à souligner deux fois) qu’elles aient atteint leur majorité de 15 ans et plus. Tu dois avouer que tu fis quelques entorses à
la Barbie originale, à la couleur de ses tifs, de sa peau et de sa morphologie. Mine de rien, les petits nénés pointus, sous le tee-shirt, c’est pas mal du tout, mais une bonne grosse, style Botéro, ça change aussi de l’ordinaire ! Les latines, les métis avaient l’œil brun, l’œil coquin, mais farouches, elles prenaient plaisir à te piquer au vif ! Mieux valait draguer seul, car avec tes copains, c’était la foire d’empoigne, la surenchère sur la belle des belles qui se prêtait au jeu, le temps de te snober et de te laisser sur le carreau.
La « poupée » barbie, grandeur nature, ne se laissait pas aborder et manipuler comme un jouet, du genre : « alors poupée, on sort ensemble ? » Du tact, encore du tact pour la rencontrer, une fois, deux fois, comme par hasard au coin de la rue, discrètement, sans témoin. Le jour où elle acceptait de faire un bout de chemin vers sa demeure, c’était presque gagné. Surtout, ne pas aller vite en besogne, ne pas la brusquer, à la rigueur lui prendre le bras sur un passage clouté, mais surtout ne pas franchir la ligne jaune, lui laisser l’initiative à la Xème entrevue d’un premier baiser furtif, au moment de se séparer à cent mètres de la maison familiale. Curieuse aussi : un jour l’une d’elle t’incita à baisser tes frocs pour te comparer à Ken ! Paniquée à la vue de cet objet pendouillard, elle s’éclipsa en un clin d’œil…
Le jour où elle traversait la cour du lycée, devant ses camarades, pour venir vers toi, c’était le gros lot, ou plutôt un acompte ! En tout cas, ne pas prendre cette initiative pour de l’argent comptant. Plutôt une provocation, une manière de se faire voir des copines, de sortir du lot des mijaurées et des sans-grades ? Tu les imagine discuter entre elles de leurs béguins respectifs, d’en rajouter à qui mieux-mieux sur celui-ci ou celui-là, d’inventer mille sornettes, te masturber l’esprit à défaut de découvrir le point G !
Et les copains… aussitôt : « tu es un cachottier, tu nous as rien dit, nous aussi on a essayé avec la fille du notaire, mais on s’est cassé les dents, sacré veinard, c’est du sérieux » ? A ce moment-là, il fallait prendre de la hauteur, te la boucler, motus, laisser planer le doute. Pardi, la fille du notaire, quel parti pris, tu montais en grade ! Aussitôt, les copines du lycée te regardaient d’un autre œil, un territoire de chasse inespéré s’ouvrait au play-boy.
Tu t’attendais à ce que ces barbies de chair soient aussi sotte que les Barbies de ta sœur. Surprise, elles avaient de la tchatche, répondaient du tac au tac à tes niaiseries, et pas moyen de leur enlever la moindre cotonnade et de les renverser sur le canapé-lit.
Le pire du pire, ce sont les jolies colonies de vacances, souvent au bord de mer et parfois en montagne. Un martyr de séjourner 15 jours entouré d’un essaim de filles qui, la nuit tombée, se calfeutrent avec leur Barbie dans leur cagna sous la chasse gardée d’animateurs assoiffés de chair fraîche ! Mais comme il est interdit d’interdire, tu as tout de même déjoué l’attention des gardes-chiourmes en prenant un bain de minuit avec les plus futées dans le plus simple appareil – qui hélas n’a pas servi à grand-chose
L’apprentissage est complexe et scabreux, à remettre chaque fois le travail d’approche sur le métier. Cette blonde là te semble moins farouche que la brunette, sa copine, et pan dans les gencives, impossible de te fier à la couleur des tifs et de la peau, des yeux bleus langoureux ou d’un regard brun ténébreux. Au début, tu te prends pour un conquérant, un cow-boy à la John Wayne, tu te crois irrésistible avant de comprendre que la concurrence est rude, d’affronter la surenchère des michetons qui se la jouent.
De quoi leur parloter à ces filles pour paraître intelligent, les séduire, les distraire ? Au début, tu fais les questions et les réponses, puis tu t’enlises vite, tu te plantes sur des propos sans queue ni tête. Surtout laisser de côté le foot ou le bodybuilding aux copains… le basket à la rigueur, t’as le gabarit pour mettre la main au panier... Le tennis, ah oui le tennis, ça fait fils à papa. Le cinoche, un bon truc le cinoche, l’occasion d’amener ces pucelles dans une salle obscure, épaule contre épaule, genoux contre genoux, mais planques ta pogne baladeuse dans ta poche.
De toute façon tu vas te casser la gueule une fois sur deux avec la musique et la littérature. Bouche cousue si tu joues du biniou et qu’elle a Mozart dans le sang lorsqu’elle tapote sur son cartable avec ses doigts de fée. C’est peut-être plus facile avec les romanciers : dis-moi qui tu lis, je te dirai qui tu es, et de passer une nuit blanche pour te mettre au diapason ! Ne remonte pas trop loin en littérature, elles s’identifient parfois aux émois de la Princesse de Clèves qui, par vertu, se refusait à l’homme aimé. Taquine-les avec « La Comédie humaine » de Balzac ou « Bonjour tristesse » de Sagan, t’as des chances de taper dans le mille ! Evite Sartre et Simone, quant à Proust, c’est du temps perdu.
Adolescent, tu es vite amoureux pour un oui ou pour un non. Avec le oui, ça roule comme sur des patins à roulettes, mais avec le non, boum-boum le macadam, ça te blesse le cœur, à chialer comme un mioche assis en lotus, en train d’épuiser le paquet de kleenex. Pareilles à des guêpes à l’affût, les « barbies » pullulent, il y en a toujours une qui te guette, tu te fais piquer à vif, t’as la pompe qui gonfle comme une baudruche, et c’est à nouveau reparti pour un tour.
L’adolescence est la période la plus propice pour apprendre tes classiques, ne brûle pas les étapes, prends ton temps lors de ton périple à travers le monde des barbies et faire connaissance avec la secte de ces gamines pubères et osseuses. T’as pris des leçons avec ta sœur et sa Barbie vers ses quinze ans, mais laisse de côté sa période mère poule, t’auras le temps d’y revenir cher futur papa poule.
Placement hasardeux avec la fille du notaire, tu manques de surface, ces snobinettes ont le calcul et l’héritage dans le sang. Toi, fils de commerçant, choisis plutôt une prolétaire, une gamine toute simple qui ne cherche pas midi à quatorze heures quand tu lui refiles un rancard. De préférence un père routier ou agent de commerce qui ne rentre qu’en fin de semaine, lui laissant le champ libre. D’ailleurs, sa mère n’est pas garde-chiourme, elle baisse les yeux quand elle rejoint son amant de cinq à sept ou plutôt à huit, opportunité de la tenir par la barbichette de son mec.
Je suis stupide, pourquoi te conseiller celle-ci au lieu de celle-là, prends tout ce qui vient, éclate-toi avec toutes les barbies d’ici et d’ailleurs. Ah oui, j’allais l’oublier, tu es encore puceau, tu ne sais pas comment t’y prendre et ces minettes sont pucelles, elles-aussi, vierges au mariage ou par crainte de se faire engrosser, car la pilule et la contraception se font attendre.
Ne leur conseille pas la méthode du docteur Ogino, une fumisterie qui a fonctionné à l’envers pour peupler le Japon avant et après la guerre contre les Chinois. Reste la capote anglaise qui date des pharaons égyptiens, cinq mille ans avant l’invention du plastic, un boyau de mouton ou une vessie de cochon faisaient l’affaire ! Donc, pour sauver sa virginité papale, morale et familiale, ta copine l’aura forcément dans le cul, au sens figuré s’entend !
Dur, dur, l’avènement de l’amour et de la sexualité, mais j’ai une idée, laisse de côté ta sentimentalité de boutonneux et fait tes classes sexuelles avec des vieilles, des femmes mariées, façon de parler, ou celles qui ont déjà vu le loup. Entre trente et cinquante piges, elles adorent les minets de quinze à vingt ans. Bigle les copines de ta mère, elles t’ont à l’œil !
Surtout ne va pas aux putes, la Barbie pur sucre, puritanisme oblige, ne fait pas partie de cette corporation. T’as meilleur temps de te branler de la droite en brandissant Cinémonde de la gauche, et changer de mains jusqu’à épuisement de ton membre inférieur !
La drague, c’est perso, à chacun son truc, son style, ça s’apprend sur le tas et pour les nuls et les timides il y a des bouquins qui vous refilent des tuyaux souvent percés, d’ailleurs. Les principes de base c’est d’être bien sapé, d’avoir du culot et confiance en soi, de taper sans complexe plus haut que son cul, de casser la glace en une phrase du genre : je vous ai déjà vu quelque part, et surtout les laisser parler plutôt que jouer les fanfarons ou raconter la vie d’un mec ordinaire. Mais cela change avec le temps, avec l’évolution des espèces, dixit Darwin !
Pour parfaire ses connaissances de la gens féminine, rien de mieux que de se brancher sur les auteurs du dix-neuvième, Balsa, Hugo, Zola, des coureurs de première, des hommes à la page qui ont fait carton plein. Mais pour apprendre à baiser, à forniquer n’importe quelle proie n’importe où, c’est du côté des « baisellers » de Simenon, l’homme aux 10.000 femmes, a-t-il avoué à Fellini, alors que chez San-Antonio, c’est la jactance à l’état pur ! Les rock-stars que sont Mike Jagger et Johnny Hallyday ont dû s’en inspirer pour avoir consommer près de 4000 maîtresses chacun au cours de leur existence.
Au lycée, dans le bus, dans le quartier, on se fréquente sans vraiment se connaître, les regards qui s’échangent sont des signes avant-coureurs. C’est la période la plus prolifique, tout est à portée de main, mais pas touche ! Profitons-en de cette époque, après ce sera plus compliqué de draguer des inconnues dans la rue ou à la terrasse d’un troquet. Si tu es Parigot, choisis plutôt Saint-Germain que les Champs mais ne néglige pas les quartiers popu ! Bal, petit bal du samedi soir dans la banlieue ou à la campagne, ça a toujours fait recette !
(à suivre dans un prochain livre) Fred Oberson