Le cessez-le-feu ? Une courte sieste dans un cauchemar. À peine les familles avaient-elles eu le temps de souffler que l’horreur a repris, redoublée. Depuis le 1er mars, plus de 1 200 Palestiniens – dont 320 enfants – ont été pulvérisés sous les bombes israéliennes. Hôpitaux, tentes, écoles, zones de refuge : tout est cible. Même l’Aïd n’a pas fait trembler les drones.
Pendant ce temps, l’armée israélienne s’acharne sur les camps de déplacés comme un bulldozer sur une fourmilière. Les civils, pris dans un jeu de chaises musicales macabre, sont sommés de fuir encore et encore, vers nulle part. Plus de la moitié de Gaza est désormais une zone interdite, un désert humain dans lequel même le droit international est laissé pour mort.
Et comme si cela ne suffisait pas, 15 travailleurs humanitaires ont été assassinés. Assassiner ceux qui secourent : voilà l’éthique guerrière de Tsahal. Mais que fait la communauté internationale ? Elle "enquête". Elle "condamne". Elle "s’inquiète". Bref, elle regarde ailleurs.
Gaza est affamée. Les boulangeries ferment. Les ventres grondent. L’ordre social s’effondre. Et en coulisse, les hauts responsables israéliens rêvent tout haut : vider Gaza, la transformer en rivière, l’assécher de ses habitants. Un nettoyage ethnique sous stéroïdes, avec la bénédiction mutique des grandes puissances.
En Cisjordanie, le même poison coule. Colons déchaînés, exécutions extrajudiciaires, destruction de camps, 40 000 déplacés. Et pendant que les bulldozers rasent les maisons, les ministres israéliens annoncent tranquillement l’absorption pure et simple des territoires occupés, en toute illégalité, mais avec l’assurance de ceux que personne ne sanctionnera jamais.
Au total, depuis le 7 octobre 2023, plus de 50 000 Palestiniens ont été tués à Gaza. Un charnier ouvert sous les yeux du monde, où les morts s’empilent plus vite que les communiqués creux des chancelleries occidentales. L’aide humanitaire ? Bloquée. Les otages ? Un alibi. La justice ? Un souvenir.
Et pourtant, Benjamin Netanyahou est accueilli comme un roi à Budapest. Orban l’invite, le félicite, lui promet qu’il ne sera jamais jugé. Mieux : il retire la Hongrie de la Cour pénale internationale. Trump, de son côté, applaudit des deux mains. Avec de tels parrains, l’impunité devient doctrine.
Quant à l’Europe ? Elle proteste avec la véhémence d’un poisson rouge. Macron "condamne avec la plus grande énergie", c’est-à-dire pas du tout. L’Allemagne, fidèle au poste, se tait. Et Gaza, elle, meurt. De faim, de feu, d’épuisement.
La catastrophe est là, massive, implacable. Et pourtant, rien. Les puissants temporisent, calculent, sourient aux caméras. Les enfants de Gaza crèvent sous les gravats, et les chancelleries parlent de « retenue ». Mais qui retiendra Netanyahou ? Certainement pas la justice internationale, sabordée à coups d’intérêts croisés.
Les génocides ne commencent jamais avec une bombe, mais avec le silence. Et celui qui recouvre Gaza est assourdissant. Le Golan grignoté, la Cisjordanie annexée, Gaza transformée en goulag à ciel ouvert. Et l’ONU, cette grande carcasse paralysée, récite ses résolutions comme un vieux disque rayé.
Ne pas agir, c’est être complice. Et demain, quand les historiens écriront cette tragédie, ils n’auront pas à chercher longtemps les coupables. Ils étaient tous là. Et personne ne pourra dire : « Nous ne savions pas ».
Billet de blog 5 avril 2025
On savait. On sait. On se tait
Chronique d’un effondrement humanitaire : Quand le politique efface l’humain
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