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Billet de blog 17 avril 2025

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L’or du CAC 40 payé avec les centimes des caddies*

TVA : la pompe à fric du capital

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Si les Français comprenaient ce que l’État fait vraiment avec leur argent, il ne resterait plus un seul drapeau tricolore sur les mairies, seulement des fourches et des gilets troués. Mais voilà : pendant qu’on leur vend du roman républicain, on leur fait les poches avec une brutalité comptable d’une finesse stalinienne.
Jamais l’État n’a encaissé autant d’impôts. Une montagne d’or, plus haute que l’Everest, érigée avec les centimes arrachés aux tickets de caisse des plus modestes. Mais à quoi bon une montagne d’or quand on la garde pour les dragons ? 357 milliards d’euros de recettes fiscales nettes, et 217 milliards de TVA – l’impôt le plus dégueulasse du répertoire fiscal, payé pareil par le chômeur et le rentier, sauf que l’un le paie avec son pain, l’autre avec son yacht.
Et dans cette grande messe budgétaire, la grande prêtresse, c’est la TVA sociale, le tour de magie de Macron et ses alchimistes de Bercy : transformer la misère des rayons discount en cadeaux pour le CAC 40. On baisse les cotisations patronales, et pour compenser le trou ? On tond les pauvres à la caisse. Résultat : 60 milliards d’euros siphonnés dans les poches des smicards pour arroser les actionnaires comme des géraniums au printemps.
Mais ce hold-up fiscal ne s’arrête pas aux travailleurs : les collectivités locales aussi ont goûté au racket. Après avoir supprimé la taxe d’habitation et les impôts locaux (trop “archaïques”), on leur refile de la TVA comme un os à ronger. Résultat ? De zéro euro en 2017 à 50 milliards d’euros en 2024. Le tout sans débat, sans vote, sans même un post sur LinkedIn. Une annexion fiscale, façon Blitzkrieg.
Pendant ce temps, les élus locaux comptent les fuites dans les toitures d’école et la Sécu ferme des lits pour équilibrer les cadeaux fiscaux. Et quand on demande où passe l’argent, tout le monde regarde ses chaussures. Mais pour un centime de trop dans une cantine scolaire, là, ça hurle à la gabegie ! 
Et c’est bien là que la démocratie crève. Elle ne meurt pas d’un coup d’État, non, trop visible. Elle crève lentement, étranglée à coups de transferts budgétaires planqués dans des annexes de lois de finances. On nous explique ensuite que “c’est technique”, que “le citoyen ne peut pas comprendre” – comprendre quoi ? Que l’État organise le pillage des pauvres pour subventionner les riches ?
C’est l’arme ultime du capitalisme français : un État carnassier, maquillé en État-providence, qui mord sans relâche dans la consommation populaire pour nourrir les grands groupes. Un Robin des Bois inversé : on vole les gueux pour engraisser les shérifs.
Et si vous doutez encore du scandale, lisez les chiffres : les 5 % les plus pauvres paient 58 % de prélèvements obligatoires. Les 5 % les plus riches ? 51 %. C’est ça, votre justice fiscale. Un pays où un smicard paie plus qu’un millionnaire en proportion.
Et vous croyez que ça va s’arrêter là ? Que nenni. La TVA va maintenant s’abattre sur le gaz, l’électricité, les abonnements. On n’épargne même plus l’hiver. Bientôt on taxera l’air qu’on respire et les larmes des allocataires. Parce qu’on est entré dans la logique finale : “la ponction ou la mort”.
Et la suite est connue. Une fois que l’État aura bien aspiré tout ce qu’il pouvait aux pauvres pour compenser les exonérations, il viendra nous dire que la Sécu est en faillite, que les collectivités n’ont plus un rond, qu’il faut “réformer”, c’est-à-dire casser, vendre, privatiser. Santé, éducation, solidarité, tout doit devenir un marché. La fraternité républicaine est un business model, le service public une variable d’ajustement.
Bienvenue dans la France de la TVA totalitaire, où la caisse de supermarché est devenue l’organe central de redistribution sociale, sauf qu’elle redistribue vers le haut, et qu’elle ne rend jamais la monnaie.
* Texte inspiré du discours de David Guiraud à l’Assemblée Nationale du 14 octobre 2024, pour celles et ceux qui n’ont eu l’occasion de l’écouter.

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