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Billet de blog 21 mars 2025

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Climat, retraites, services publics : tout doit disparaître… sauf les chars

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Hier encore, l’Europe célébrait son engagement écologique comme une révélation divine. Aujourd’hui, l’urgence climatique est renvoyée au rayon des vieilleries utopistes : place au culte de Mars. Les chefs d’État européens, hagards devant l’ombre grandissante de Donald Trump, ont troqué leurs velléités vertes contre une ferveur belliciste. L’impératif ? Armer jusqu’aux dents un continent exsangue, faire flamber les dépenses militaires sous les applaudissements du Pentagone, et administrer aux peuples une nouvelle potion amère : austérité et rigueur budgétaire, mais cette fois au nom du canon.
L’Europe vacille. Comme un funambule sans filin, elle tangue entre son soutien inconditionnel à Kiev et sa volonté de plaire au nouveau shérif de la Maison-Blanche. L’ex-président, en majesté sur Truth Social, se délecte déjà de la servilité des Européens. Et ceux-ci de se précipiter, zélés, à son chevet : Lituanie, Estonie, Pologne, Allemagne… chacun rivalise d’enthousiasme pour remplir le tiroir-caisse du complexe militaro-industriel américain. 2 % du PIB pour l’OTAN ? Trop peu, tranche Trump. Qu’on monte à 5 % ! Et voici la procession des pénitents, promettant, avec componction, de sacrifier écoles et hôpitaux sur l’autel de la Défense.
Ursula von der Leyen, visionnaire éperdue, avait déjà prévu l’addition : 500 milliards d’euros en une décennie, pour une Europe en armes. Mark Rutte, prophète des coupes budgétaires et nouvel héraut de l’OTAN, annonce sans détour la couleur : « Faites des sacrifices aujourd’hui pour être en sécurité demain. » L’oxymore est délicieux : l’Europe de la rigueur s’autorise des déficits abyssaux, mais seulement pour acheter des missiles et des drones.
Le dogme de la paix par le commerce, jadis cher à Montesquieu, s’efface devant le retour des vieilles certitudes : la guerre est un marché florissant, et l’Europe, bonne cliente. Les marchands d’armes américains jubilent : plus de la moitié des acquisitions européennes leur est déjà destinée, une manne promise à s’accroître sous le règne trumpien. Ainsi, dans un final tragique, Bruxelles et ses élites enterrent l’Europe-providence pour faire place à l’Europe-spartiate. Une énième « pédagogie » est en gestation, celle qui expliquera aux citoyens que la guerre vaut bien la misère sociale. Et que l’addition, comme toujours, sera pour eux.

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