fred6251 (avatar)

fred6251

Citoyen Insoumis

Abonné·e de Mediapart

10 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 septembre 2014

fred6251 (avatar)

fred6251

Citoyen Insoumis

Abonné·e de Mediapart

Pour la mise en place rapide du Congrès de mi-mandat du Parti socialiste.

fred6251 (avatar)

fred6251

Citoyen Insoumis

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Lettre ouverte au Premier Secrétaire du Parti Socialiste.

 Mon cher Camarade Premier Secrétaire,

 Je ne suis qu'un vieux militant du parti.  J'ai adhéré au Parti socialiste à la fin des années 70 pour suivre François Mitterrand. J'ai ensuite soutenu Lionel Jospin qui a sans doute été le meilleur premier ministre de la cinquième république hormis peut être Pierre Mauroy. J'ai aussi soutenu François Hollande, avant même qu'il ne se présente aux primaires et j'ai signé la motion 1 du dernier congrès.

 Je m'adresse à toi car tu as mandat des militants ainsi que le Conseil National pour faire respecter les statuts de notre Parti. Je me permets d'écrire pour vous mettre en demeure, toi et le Conseil National, de respecter les statuts du parti qui ont été adoptés à l'unanimité le 12 septembre 2012 par le Conseil National et qui ont été ratifiés par les militants lors de la consultation du 11 octobre 2012.

 L'article 3.2.1 de ces statuts détermine les dates des Congrès ordinaires. Un six mois après les élections présidentielles et législatives. Un autre à mi-mandat.  Nous serons à mi-mandat le 6 octobre 2014. Le congrès doit être convoqué selon les statuts au moins trois mois avant; nous ne respectons donc pas les statuts à la lettre.  Le Conseil National n'a aucun pouvoir pour modifier les statuts, toute révision étant exclusivement réservée au Congrès ordinaire comme il est précisé à l'article 6.1 des mêmes statuts.

 Les Etats Généraux qui sont programmés à la fin de l'année ne peuvent remplacer un congrès. Certes des idées y seront débattues mais cela n'a rien de comparable à un Congrès qui établit les rapports de force dans un parti.... C'est pour cette raison que ces Etats Généraux ne peuvent justifier le report d'un congrès.  Je suis aussi surpris de l'objectif déclaré: "définir collectivement la carte d'identité du Parti Socialiste du XXI ème siècle. En effet la  carte d'identité du Parti Socialiste est déjà définie par un texte très récent, la déclaration de principe qui a été adoptée en même temps que les statuts, il y a deux ans. Déclaration de principe qui dit en son article 23: "Le Parti Socialiste est un parti démocratique. Il respecte chacun de ses adhérents. Il organise un débat politique transparent et ouvert."

Bien évidemment je sais qu'un congrès va attiser les peurs des uns, les plans de carrière pour d'autres, ce qui donnent autant de prétextes pour repousser, voire oublier de convoquer  un Congrès. Mais la démocratie revendiquée dans nos gènes n'est plus tout à fait la démocratie quand on demande aux adhérents de voter dans les temps et aux dates qui arrangent les uns et les autres, qu'ils soient à l'intérieur du parti ou à l'extérieur de part leurs postes. La démocratie a besoin de règles, de temps fixés à l'avance pour convoquer le peuple ou les adhérents de la structure qu'elle anime. La vie du parti n'a que faire d'autres considérations comme par exemple les élections intermédiaires, les sondages, ou l'appauvrissement imposé des idées par le camp dominateur ordonnant qu'il n'existe qu'un seul chemin pour mener la politique. Je pense que continuer comme cela ne pourra qu'aggraver des divisions, des intérrogations, qui sont plus que latentes maintenant. Je ne parle pas particulièrement des surnommés "frondeurs", terme médiatique péjoratif employé à dessein, mais de tous les militants qui forment notre Parti et qui se posent des questions, qui seront frustrés par l'absence du grand débat qu'organise un Congrès fixant les nouveaux rapports de force. Je pense donc qu'en plus d'une infraction à nos règles, c'est une erreur politique grave de reporter le congrès ordinaire de mi-mandat à la fin 2015 ou en  2016.

 La fuite en avant n'a jamais réglé les problèmes. Elle favorise les divisions et le désordre, frustre les parties qui s'opposent et laissent peu de moyens aux militants pour faire entendre leurs voix. Tout cela favorise les démissions diverses. Pas celles qui sont dues à un comportement inadmissible et qui salit le monde politique, mais celle, plus silencieuse, des adhérents qui ne trouvent pas de réponses à leurs questionnements, laisser à eux mêmes, abandonnant toute confiance dans le politique ou alors allant sur d'autres chemins, y compris au front national......

 En outre, il se pourrait à ces dates, que notre Congrès s'entrechoque avec les primaires que nous organiserons pour l'élection de 2017. A moins que l'on ne veuille transformer le parti, sous prétexte de modernisme, avec de vieilles recettes, comme par exemple celle de Moiseï Ostrogorski dans son livre " La démocratie et les partis politiques" 1903,  qui, après étude des partis politiques en Angleterre et aux Etats Unis, considérait que le rôle d'un parti politique en France devait être limité à l'intégration politique des classes populaires et à la nomination d'un représentant, un peu comme les partis américains actuels qui sont des structures "ad hoc". En 77 ou 78, ce livre avait été réédité et préfacé par Rosanvallon qui était à l'époque dans l'équipe de Michel Rocard.. C'était alors des idées "neuves" pour la politique du pays. Le congrès de Metz y a mis bon ordre. C'est un bon exemple. Ce congrès a marqué l'histoire du parti socialiste avec des oppositions fortes. Et pourtant, deux ans après, François Mitterrand portait la gauche unie au pouvoir après des années d'exil et il nommait Pierre Mauroy, un de ses opposants à l'époque de Metz, au poste de 1er ministre.

 Comme le disait Gustave Le Bon "Le véritable progrès démocratique n'est pas d'abaisser l'élite au niveau de la foule, mais d'élever la foule vers l'élite."

 Et Jaurès, dont on vient de commémorer le centenaire de l'assassinat: "Il ne faut avoir aucun regret pour le passé, aucun remords pour le présent, et une confiance inébranlable pour l'avenir"

 Faites confiance aux militants, laissez les s'exprimer à travers les contributions puis les motions, comme il est prévu dans la loi du Parti socialiste. Je vous remercie par avance de vous conformer au mandat donné par tous les militants par le dernière Congrès. Je sais Camarade, que tu es tout aussi vigilant que moi à la mise en œuvre de la démocratie dans notre parti, car elle est le moteur indispensable à tout débat et l'assurance de la richesse des idées qui fondent le socialisme depuis la deuxième Internationale.

                                                                           Fait à Arras, le  15 Septembre 2015

                                                                                               Frédéric BEUGNET

                                                                                 Adhérent au Parti Socialiste. Membre de la CEF du 62.

lettre envoyé en Recommandée avec A.R.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.