Présentation
Je me suis rendu ce mercredi 6 mars 2013 au pied de la statue de Simon Bolivar pour y déposer un oeillet. Cet oeillet m'avait été donné par Danielle Simonnet. J'ai retrouvé avec plaisir Jean-Luc Mélenchon avec qui j'ai pu échangé deux trois mots. Son discours était juste et plein de charisme. Celui de l'Ambassadeur du Vénézuéla avant lui plein d'émotion mais aussi d'espoir et de volonté de continuer le changement. Chavez n'était pas un écologiste mais il mérite notre respect, et je regrette avec Martine Billard que Sergio Coronado ne soit pas là (intervention plutôt positive et pleine de lucidité sur France Culture: http://www.franceculture.fr/emission-journal-de-12h30-disparition-d-hugo-chavez-2013-03-06 ; à noter que Sergio Coronado était là en fait, voir 3ème commentaire), peut-être au côté de Raquel Garrido. Il est clair que le texte qui suit et mes propos n'engagent que Claude Vilain et moi-même et ne sont pas représentatifs de la pensée d'EELV. Pourtant plus que jamais, malgré mon affection personnelle pour Jean-Luc Mélenchon, je me sens attaché au mouvement écologique représenté par EELV. Je reste persuadé que nous avons les solutions, et Jean-Luc le sait, mais donnons-les aux autres ne les gardons pas pour nous et arrêtons d'être parfois, peut-être trop souvent, méprisants et bobos!!
Le texte qui suit représente presqu'exactement ce que je pense de Chavez, il est écrit par l'économiste Claude Vilain, membre du conseil politique parisien et d'Île-de-France d'Europe Écologie Les Verts.
J'accompagne ce texte d'une vidéo de Noam Chomsky qui exprime, en anglais, une pensée similaire à celle de Claude Vilain.
Frédéric Maintenant
Hommage à Hugo Chavez
Alors que les média nationaux se gargarisent de l'hommage rendu par "les dictateurs du monde entier " à Hugo Chavez permettez moi de manifester un peu d'indignation et beaucoup de sympathie pour un grand Sud américain.Ce n'était pas un saint et nombre de ses amis étaient infréquentables.
Mais les dizaines de millions de negritos, d'indios, de mestizos, ladinos, etc..qui le pleurent dans les bidonvilles s'étendant du Rio grande à la Terre de feu n'en avaient rien à faire des dictatures iraniennes ou syriennes. Analphabètes, assommés par l'exploitation, quotidiennement à la recherche de quoi survivre eux et leurs familles, ils étaient effectivement incapables physiquement de situer la Syrie ou l'Iran sur un mappemonde.
Par contre ils avaient parfaitement compris le sens du combat d'Hugo Chavez: leur apporter un peu de dignité humaine. De cette dignité piétinée depuis plus d'un siècle par le puissant voisin américain qui n'a eu de cesse de saigner leur continent sans aucun scrupule. De cette dignité niée par leurs propres classes dirigeantes et dont la seule légitimité provenait de cette même puissance étrangère.
Bolivarien et socialiste (et pas à la mode de Caen) , Hugo Chavez représentait le dernier rempart contre l'établissement d'une immense zone de libre échange au seul service des intérêts nord américains. Les Lula, Mujica, Kirchener, tous torturés par les fidèles alliés des démocraties occidentales l'avaient parfaitement compris quand ils envisagèrent d'étendre leur fragile Mercosur au Venezuela et aux pays andins. Eux savaient situer l'Iran et la Syrie sur une carte, eux savaient aussi situer Cuba dans leur mer intérieure. Hugo Chavez comme Castro au delà de toutes les divergences et elles pouvaient être nombreuses étaient des leurs.
Que cette Europe soit disante terreau de l'humanisme ne soit pas capable de faire preuve de nuance pour ne retenir que l'essentiel -le combat pour la dignité de l'homme- voilà ce qui est proprement scandaleux..Aux donneurs de leçons je poserai une seule question: où la démocratie a-t-elle été bafouée au cours de ces dix dernières années de pouvoir chaviste, en Europe ou au Venezuela?
Où a-t-on fait revoter ou modifier les procédures après les votes négatifs des électeurs aux élections référendaires: en France, en Irlande,..ou au Venezuela?
Où a-t-on imposé des changements de premier ministre: en Grèce, en Italie ou au Venezuela?
Où a-t-on manipulé les résultats des élections législatives : en Grèce, au Portugal ou au Venezuela?
Où accueille-t-on régulièrement des ministres fascistes et antisémites hongrois : à Bruxelles ou à Caracas ?
Dans son ouvrage "Les veines ouvertes de l'Amérique latine" l'uruguayen Galeano dénonçait en 1970 la "pauvreté comme conséquence de la richesse de la terre". En tant qu'écologistes nous devrions savoir comprendre pourquoi la disparition d'Hugo Chavez défenseur acharné des sans droits (y compris dans ses outrances et maladresses) ne peut que nous attrister.
Claude Vilain (EELV)