Frédéric Saliba (avatar)

Frédéric Saliba

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

26 Billets

0 Édition

Billet de blog 3 juillet 2008

Frédéric Saliba (avatar)

Frédéric Saliba

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

McCain et Obama courtisent les Latinos

Frédéric Saliba (avatar)

Frédéric Saliba

Journaliste

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le candidat républicain à la Maison Blanche, John McCain, a débarqué mercredi soir au Mexique. Après deux jours en Colombie, sa visite éclair à Mexico suffira-t-elle à redorer son blason auprès des électeurs hispaniques ?

Les 45 millions de Latinos aux Etats-Unis, dont plus de la moitié de Mexicains, sont devenus la première minorité dans ce pays de 300 millions d'habitants. La communauté hispanique ne représente que 9% des électeurs, en raison de sa forte concentration de mineurs et de ressortissants étrangers. Mais son vote sera décisif lors de l’élection présidentielle de novembre prochain. Surtout dans les Etats, où démocrates et républicains sont au coude à coude, comme le Colorado, la Floride, le Nouveau Mexique ou le Nevada. En 2004, les électeurs de ces quatre Etats avaient voté en majorité pour George Bush. La situation pourrait bien s’inverser cette année en raison du poids démographique des Latinos. Dans la course à la séduction de cette diaspora, McCain fait plus que jamais figure d’« underdog » (présumé perdant) : Le sénateur de l’Arizona ne recueillerait que 29% du vote latino, contre 59% pour son rival démocrate, Barak Obama, selon le dernier sondage Gallup publié le 2 juin dernier. Malgré l’opposition communautaire entre Latinos et Afro-américains aux Etats-Unis, le sénateur noir de l’Illinois bénéficie du report de la majorité des intentions de vote des Hispaniques, dont jouissait Hillary Clinton durant les primaires démocrates. Pour l’heure, nul besoin donc pour lui de se rendre au Mexique. Obama visitera cet été l’Europe et le Moyen Orient (Allemagne, France, Grande-Bretagne, puis Israël et Jordanie), où McCain s’est déjà rendu cette année.

Mais, si les Latinos soutiennent largement le candidat démocrate, ils ne constituent pas un groupe homogène d’électeurs. La compétition pour les séduire n'en est que plus intense: Le 29 juin dernier lors d’une conférence organisée à Washington par l’Association nationale des fonctionnaires latinos (NALEO), McCain et Obama ont chacun à leur tour promis de lancer une réforme migratoire dans les cent premiers jours de leur mandat. « Je le dis avec sérieux : On peut être à la fois une nation de lois et une nation d’immigrés », a déclaré le candidat démocrate face aux 500 représentants hispaniques venus des quatre coins des Etats-Unis. « Ce sera ma haute responsabilité. Il y a ici des millions d’illégaux qui sont des enfants de dieu », a renchéri McCain.

Ce matin au Mexique, pays à 90% catholique, le candidat républicain de confession protestante n’a pas manqué de visiter la Basilique de la Guadalupe, le plus important lieu de culte d’Amérique latine, avant de s’entretenir plus d’une heure avec le président mexicain, Felipe Calderon. McCain a du pain sur la planche pour conquérir le cœur des Latinos, après l’échec du projet de loi sur l’immigration, visant à régulariser sous conditions les 12 millions de clandestins aux Etats-Unis. L'année dernière, il avait pourtant été le seul candidat républicain à avoir voté en faveur de cette initiative, bloquée par l’aile la plus conservatrice de son parti. Soutenue par le président Bush, la construction d’un mur de plus de 1000 kilomètres le long de la frontière avec le Mexique n’a rien arrangé. Chaque année, un demi-million de Mexicains passent illégalement aux Etats-Unis. 210 clandestins ont perdu la vie en 2007 lors de cette traversée, rendue plus périlleuse depuis le renforcement de la surveillance. Ce bilan macabre pèsera-t-il dans la balance lors du scrutin ? Réponse dans quatre mois.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.