Trois chefs de la police ont été abattus en une semaine. La lutte que mène le président mexicain contre le crime organisé tourne au vinaigre.
Neuf balles dans le ventre! Vers minuit jeudi dernier, Edgar Millan Gomez rentre chez lui dans le quartier Guerrero à Mexico. Le coordinateur général de la police fédérale franchit la porte de l'immeuble. Une fusillade éclate. Ses deux gardes du corps ripostent. Touché neuf fois au thorax et à l’abdomen, il tombe, avant de décéder à l’hôpital. C’est le troisième haut fonctionnaire de la Sécurité publique abattu depuis le 1er mai.
La veille, Edgar Millan, 41 ans, avait lancé une opération coup de poing contre le crime organisé. Bilan : 9 narcotrafiquants arrêtés qui s’ajoutent aux 13 autres interceptés la semaine passée. Tous appartiennent au cartel de Sinaloa, montré du doigt par les enquêteurs qui misent sur une vendetta. Les deux autres chefs de la police exécutés, l'ex-directeur des enquêtes contre le crime organisé et un inspecteur rattaché à la présidence, sont eux aussi tombés dans des embuscades ces jours-ci.
Malgré des arrestations record, la lutte que mène le gouvernement mexicain contre les cartels de la drogue prend désormais la forme d’un jeu de massacre. Arrivé au pouvoir en décembre 2006, le Président Felipe Calderon a dépêché 36 000 militaires dans les régions sensibles du Nord pour mettre fin au narcotrafic.Depuis neuf jours, les cartels répliquent avec force. Les policiers payent les pots cassés avec plus de 100 morts dans leurs rangs en 2008, dont 22 depuis le 1er mai.
La stratégie du gouvernement est-elle la bonne ? La question remplit les colonnes des journaux mexicains alors que le nombre de victimes dans la société civile atteint plus de 1000 en moins de cinq mois. Réponse du gouvernement : « Nous ne reculerons pas ».