Des harmonies vénéneuses, une mélodie de grande ampleur, un rythme assuré, John Barry composait de la musique à la façon dont ses contemporains construisaient des Aston Martin : en alliant le luxe, le confort et le sport.
A bien chercher dans le Répertoire, c’est peut-être à partir de quelques mesures de Grieg, au creux du concerto pour piano et orchestre, que se trouve la matrice de la gamme Barry. Est-il possible que trente secondes aient déterminé toute une vie ? Allez-savoir…Alterner modes mineur et majeur est une chose, inventer un monde en est une autre. Il conviendrait donc, aussi, de souligner le rôle des cuivres chez le compositeur : le cor invite au contre-champs, donne la perspective- un rôle traditionnel mais ici porté comme un emblème- et les trompettes ponctuent l’œuvre par des accords de jazz très brefs, presque cinglants, légèrement réverbérés. La peur du Kitch à nul instant n’effleurait John Barry. Voilà pourquoi le cymbalum et l’accordéon, la batterie pop et le piano compressé se mariaient si bien pour la bande originale de The persuaders.
Quelles sont vos préférées parmi ses partitions? Les grands musiciens de films, comme des voyants rimbaldiens, nous autorisent à concevoir nos propres films, à chaque instant renouvelés. Beau dimanche à tous.