Le fils de pasteur était pianiste. C'est presque à contrecœur qu'il est aussi devenu chanteur. On a tort de réduire Nat King Cole au rôle de crooner. Les deux concerts qu'il donna le 19 avril 1960 à Paris font entendre un jazzman de haute qualité. Porté par les orchestrations de Quincy Jones, dans un Olympia sans doute plein à craquer, l'artiste swingue avec énergie mais encore avec une grande précision, ce qui le range du côté de Jimmy Rushing plus que de celui de Mel Tormé - pour ne prendre, au hasard, que deux exemples.
La plupart des musiciens qui l'accompagnent sont américains; c'est donc avec émotion, déférence rétrospective, que l'on reconnaît, dans l'équipée, Roger Guérin. Le trompettiste Français, souffleur de Sarrebruck, imitateur- uniquement pour répondre aux des desiderata des chefs d'orchestres- d' Armstrong et Miles réunis, était un très gentil monsieur qui fit une belle carrière. Ici, le bonhomme remplace, excusez du peu, Clark Terry soi-même.
La captation de ces concerts est désormais disponible dans l'excellente collection Live in Paris, que dirigent Michel Brillié et Gilles Pétard. Offrez-vous ce billet pour le temps jadis, un ticket pour la jeunesse éternelle.
A écouter:
"Nat King Cole et Quincy Jones big band le 19 avril 1960". Collection Live in Paris, label Frémeaux et associés.