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Billet de blog 3 février 2012

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Simonyan, royal en vérité

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Encore un disque ? Oui, certes, encore une galette au lendemain de la chandeleur. Et pourtant cet enregistrement devrait bouleverser votre sensibilité comme il arrive rarement.

Le violoniste Mikhail Simonyan est né dans la charmante bourgade de Novosibirk- un chapelet de palais, son tram et ses usines à gaz- en 1986. Il a gagné depuis la reconnaissance internationale et joué avec ce grand timoré de  Valéry Gergiev.  Aujourd’hui, le jeune homme interprète les concertos de Barber et Khachaturian, en compagnie de Kristjan Järvi, fils de Neeme, frère de Paavo- terribles, ces familles d’artistes, qui vous obligent à naviguer dans un deutéronome afin de savoir qui fait quoi…Mais ne nous égarons pas.

Le jdanovisme, dans le domaine musical, interdisait certaines tournures ou assonances parce qu’elles étaient considérées comme capitalistes, imposait que la mélodie tînt le rôle principal d’une œuvre. Avant son exécution, toute partition devait être soumise à la censure. Chostakovitch détournait le système en faisant jouer les notes  prohibées à un rythme si lent que les juges n’y voyaient que du feu, mais Khachaturian ne suivait pas le même chemin, c’est une évidence. Une splendeur à chaque instant nous saisit cependant quand nous écoutons sa musique. Barber, inspiré des harmonies de Dvorak, amoureux des grands espaces, était, de son côté, l’un des emblèmes de la musique américaine.

Aujourd’hui les murs demeurent, d’une autre façon. Mais Simonyan s’en affranchit le cœur léger, avec un talent qui laisse pantois. Le son lumineux, la façon langoureuse de phraser, la justesse qui ne se confond jamais avec l’application, voilà sans aucun doute l’un des disques les plus beaux de la saison. Ne le manquez pas.

«Two souls» Mikhail Simonyan, violon, orchestre symphonique de Londres, direction Kristjan Järvi, Deutsche Grammophon.

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