Comment dire le plaisir que procure le repos?
Les italiens sans doute ont inventé le mot qui traduit le mieux la joie, la fantaisie, la langueur aussi: farniente. Notre détente évoque la mauvaise conscience, le remord, un je-ne-sais quoi de protestant. Mais précisément parce qu'on ne se refait pas, nous ne pouvons pas rester inerte, allongé à ne rien faire.
Alors on cherche dans les livres le moyen d'écrire à la diable, une inspiration qui nous anime. On déplore, dans le formidable Journal de Maurice Garçon, que la musique tienne une place réduite- on apprend que la seconde femme de Camille Chautemps (décrite en catin, la pauvre) était pianiste à ses heures- et l'on parcourt avec amusement le San Antonio de location, dans lequel un couple fait l'amour sur un clavier de quatre-vingt huit touches.
A l'heure du déjeuner viendra le temps d'un verre de Bourgogne. Mais alors on ne pourra s'interdire une pensée pour le bordelais Jean Lacouture. Il nourrissait pour le théâtre- celui du rugby, du monde et de Corneille- une préférence que nous lui pardonnons, tant le verbe dont il usait chantait d'une page à l'autre, composant des livres de musique autant que d'histoire ou de littérature.
"Garçon, de quoi écrire!" Ainsi va l'été, qui nous ramène, encore et toujours, à l'enfant meurtri de Neuilly qui se disait d'Aragon.