Comment définir un style? On peut parler des mots, du costume et des gestes. Mais que dire au sujet du son produit par les cent vingt musiciens que dirige un chef d'orchestre?
"J'ai nourri une relation très forte avec Bernard Haïtink, dès mes débuts, révèle Simon Rattle. J'ai toujours aimé parler avec lui, recevoir ses conseils; à mes débuts, il m'a suggéré de suivre mon inspiration, soulignant qu'au fil des ans l'exercice de mon métier se révélerait plus naturel. Je crois très difficile de poser des paroles sur la musique. En tout état de cause, une telle épreuve ne relève pas de ma responsabilité, mais de celle des commentateurs. Alors, demeurez en paix avec les questions qui portent sur le style".
A chacun sa façon de percevoir une manière. On se laisse capter- Menuhin a toujours dit cela- par le comportement de l'artiste, sa coiffure autant que le mouvement de son corps, ensuite vient la musique. Il faut admettre en effet que notre attention se porte sur l'accessoire avant de percevoir l'essentiel. Ô, bien entendu -c'est le cas de le dire- bon nombre de gens prétendent le contraire, mais c'est une affaire de bonne ou de mauvaise foi.
Si l'on essaie de caractériser la patte, le style de Simon Rattle, proposons qu'il privilégie la fluidité, la clarté, le chant, sur la puissance. Il ouvre le spectre sonore au lieu de concentrer les instruments. Nous sommes avec lui proche de l'Ajax d'Amsterdam d'autrefois que du Milan AC.
(A suivre...)
A écouter:
Rachmaninov: "The bells. The symphonic dances". Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Simon Rattle. Label Warner Classics.
Stravinsky: "Le sacre du printemps, Appolon Musagète". Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Simon Rattle. Label EMI Classics.
Brahms: "Les symphonies", Orchestre Philharmonique de Berlin, direction Simon Rattle. 3CD EMIClassics