Si, selon vous, le piano doit soulever les montagnes, Alfred Cortot ne peut pas vous échapper.
Vous pouvez oublier les clichés rebattus- « le roi du légato pour les jeunes filles », «avec ses fausses notes, on pourrait écrire un autre concerto »- les moues dubitatives. Alfred était un peu fou, l’affaire est entendue, ses choix politiques insupportables- on ne peut que le constater, le déplorer. Mais cet artiste avait quelque chose à dire au monde que les autres ne connaissaient pas.
Les interprétations qu’il a gravées comptent parmi les plus passionnantes que l’on puisse écouter ces derniers jours, cinquante ans après sa mort. Un duo domine l’ensemble: Chopin et Debussy, dont Cortot fut le fervent défenseur, enflammant les arpèges à tout va, mais aussi très attentif aux gouffres, aux tourments de ces compositeurs. Bach ou Beethoven, Albéniz ou Schumann, à vous de piocher, deviner dans les silences l’intériorité, la fragilité du pianiste. On ne résiste pas à recommander, cerise sur le gâteau, le Concerto pour la main gauche : deux cent cinquante kilomètres à l’heure, un Charles Munch éclairé, Ravel ici comme un chamane.
Joyeux Noël…
A écouter:
Alfred Cortot : « Edition d’anniversaire », 40 CD label EMICLASSICS