Hier, Martha Argerich a fêté son anniversaire et, comme il nous reste un brin de galanterie, nous avons attendu ce matin pour célébrer cette pianiste épatante.
On se souvient du critique musical Antoine Goléa, qui la surnommait, convention de sa génération, "la tigresse". Il est vrai que l'auguste argentine a grillé quelques politesses, dévoré bien des machos, dédaigné l'artifice des honneurs. Il y a quelques mois pourtant, se glissant parmi les mélomanes à l'Auditorium du Louvre, elle avançait non pas comme une reine encerclée de courtisans, mais comme une simple mélomane, au concert de Daniil Trifonov- qu'elle applaudit, pour finir, à tout rompre. Il ne faut donc pas la caricaturer: c'est une personnalité d'autant plus admirable qu'elle se laisse encore émouvoir.
Au milieu des artistes qu'elle choisit, Martha Argerich propose chaque année des rencontres musicales, à Lugano. L'enregistrement des concerts 2015 est un enchantement. La liste serait fastidieuse des gourmandises à écouter (Brahms et Schubert, Poulenc ou Glass, à vous de rêver). Qu'il nous soit permis de distinguer le sublime En blanc et noir. Non seulement parce que Debussy bouleverse à chaque mesure, mais parce que l'harmonie qui règne entre Argerich et Kovacevich atteint les cimes.
Alors que la semaine commence, une fête nous invite. Il est temps de la rejoindre. Belle journée à tous !
A noter:
"Martha Argerich and friends, live from Lugano 2015". 3CD, label Warner classics