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Billet de blog 7 février 2012

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Fray, juste avant l'Amérique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un grand artiste ne déplace pas seulement les foules, mais les lignes. A peine sorti de la classe de Jacques Rouvier-remarquable pédagogue- David Fray  se distinguait déjà de ses camarades par une aptitude à jouer selon son désir, à creuser le sillon de ses tourments pour mieux faire émerger  des sensations inédites. Le jeune tarbais que Paris nimbait de brume est désormais célèbre, mais il  ne s’est pas laissé griser par la notoriété. Fraternel et rieur, il nous a donné cette interview, quelques jours avant de partir en tournée.


Vous bénéficiez désormais d’une reconnaissance internationale. Comment vivez-vous cette période de votre carrière ?
J’ai la chance de pouvoir faire mon travail de façon régulière, dans des conditions privilégiées; je n’ai donc vraiment pas le droit de me plaindre.  Quoiqu’il en soit, je n’ai jamais dévié de ce que je pensais devoir faire et le succès comme les critiques ne m’affectent pas outre mesure. En tout cas, pour le moment. C’est l’une des choses qui ont pu me sauver lorsque j’ai reçu quelques attaques, en particulier dans mon propre pays. J’étais suffisamment solide sur mes convictions pour ne pas me laisser influencer. Dans une vie, nous traversons des épreuves et des joies qui portent à certaines œuvres plus qu’à d’autres, mais je crois que nous devons davantage le suggérer que de l’affirmer haut et fort. J’ai commencé avec Bach parce que c’est par lui que ma vie de musicien a commencé, parce que son œuvre est une source à laquelle je m’abreuve très régulièrement. Le disque Schubert m’a permis de travailler sur le silence, la respiration, de rechercher un son aéré que seul ce compositeur pouvait me permettre d’éprouver. L’enregistrement des concertos de Mozart concrétisait la proclamation d’une certaine maturité: j’avais choisi deux partitions imposantes-par leur esprit même- et je voulais présenter un disque solaire, baigné d’une forme de majesté.


Quels sont projets immédiats ?

Ce mois-ci, je pars pour trois semaines aux Etats Unis- jouer avec les orchestres de Dallas, Cincinnati et Indianapolis- en mars, je serai à Sao Paulo, en avril en Allemagne. Même si je n’ai jamais été un partisan de l’athlétisme pianistique, je veux dire de la production de «gros sons» de piano, je dois admettre que lorsqu’on joue, notamment aux Etats Unis, devant des salles de deux mille cinq cents à trois mille places, il est indispensable d’étoffer la puissance de l’instrument, de l’enrichir. Cela me conduit à élargir mon répertoire. Je vais, certes, enregistrer un récital Bach pour piano seul, mais je m’apprête aussi à interpréter, en public, à Paris le troisième concerto de Beethoven, une œuvre virile à laquelle je ne me serais peut-être pas attaqué il y a encore trois ou quatre ans parce qu’elle réclame un son extrêmement compact, une sorte d’autorité, d’affirmation que je n’avais pas au même degré.  Je vais me consacrer à un répertoire pour lequel je m’étais laissé du temps. Quoiqu’il en soit, je ne suis pas un homme pressé.

A écouter :

J.S. Bach- P. Boulez : « Suite Française en ré mineur, 12 notations pour piano » Virgin Classics

J.S. Bach : « Concertos pour piano », orchestra de chamber de Brême, dir. Florian Donderer, Virgin Classics

Schubert:  “Moments musicaux, impromptus”, Virgin Classics.

Mozart: “Concertos n° 22 et 25 » Philharmonia orchestra dir. Jaap van zweden, Virgin Classics

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