Difficile de tout expliquer, de tout comprendre. Alors, parfois, le désir vient de piocher dans les textes pour combler le silence. Un jeu plutôt qu'une exégèse.
Ici, la prophétie de Cocteau concernant certaine tendance musicologique: "A la Bibliothèque nationale. Bernard Faÿ nous donne des musiques médiévales d'après des manuscrits retrouvés. Incroyable. C'est comme si on retrouvait un squelette de cette époque et qu'on en déduise que les hommes étaient alors des squelettes. Stupeur des contemporains de ces musiques s'ils les entendaient, ainsi dirigées et interprétées. Un squelette boiteux".
Là, quelques mots de Diderot: "En même temps, il se met dans l'attitude d'un joueur de violon; il fredonne de la voix un allegro de Locatelli; son bras droit imite le mouvement de l'archet, sa main gauche et ses doigts semblent se promener sur la longueur du manche; s'il fait un son faux, il s'arrête, il remonte ou baisse la corde; il la pince de l'ongle pour s'assurer qu'elle est juste".
Là encore, un murmure de Stendhal, un nuage de Simon, de Gracq ou de Proust à propos d'un opéra, d'une sonate.
Est-il indispensable, après tout, de combler le manque? Evidemment non. "De la musique avant toute chose...Et tout le reste est littérature", disait Paul, apôtre d'une forme évaporée.
Voilà pourquoi, ce samedi, le billettiste garde le silence.