Soixante-quatre ans direz-vous, c'est bien jeune pour mourir. Ô fichue fatalité qui fauche ou menace...Oui, c'est bien jeune qu'il est mort, Zoltán Kocsis.
En compagnie de Dezső Ránki, n'avait-il pas, jadis, enregistré l'intégrale de Béla Bartók? Une série mythologique, une légende à vous faire effacer les virtuoses occidentaux, plonger dans l'ombre les voisins soviétiques. Et puis la gloire internationale était venue, comme les murs ensuite s'étaient évanouis.
Soudain surgit cette anecdote. Sur un trottoir de Paris, le billettiste attendait le début d'un concert quand vint à passer Bruno Monsaingeon. Parlant de tout, joyeux comme le sont les inquiets, le grand musicien-cinéaste, évoquant le coffret Chopin qui paraissait sur le label Brillant Classics, aussitôt s'enflamma: "Ah mais dans cet ensemble hétéroclite, on trouve les "Valses" par Zoltán Kocsis, une merveille".
Eh oui...Nous irons par les rues et les chemins, dans les jours et les années qui s'annoncent, à citer parmi les illustres ce pianiste qui ne jouait pas les rock-and-roll stars. Un artiste de ce genre ne quittera pas de sitôt la scène de notre sensibilité. Nous le garderons, talisman de mélomane, au creux de nos souvenirs. Un mouvement puis un autre, un concerto pour l'avenir.