De la trivialité, de ce mélange de science et de simplicité qui traverse les aventures humaines, surgit souvent l'invention. Le Chaâbi, musique populaire née dans les rues et les cafés d'Alger, fait chavirer les cœurs les plus endurcis par la puissance de ses percussions, la sensualité de ses violons fauves. El Gusto, le film de Safinez Bousbia qui sort en salles demain matin, retrace le parcours de quelques musiciens de la Casbah, juifs et arabes que la guerre d'indépendance a séparés mais que la musique, au soir de leur vie, rassemble. Il ne s'agit surtout pas de « Musique du monde », un vocable appartenant au consumérisme culturel, mais d'une démarche sincère, exigeante et nourrie de dignité. Comme le fait observer, judicieux, l'un des protagonistes du film : judéo-andalouse ou arabo-andalouse, qu'importe, c'est l'histoire partagée par ceux qui ont dû quitter l'Espagne, ensemble, à partir de 1492. Rien n'est beau comme ce morceau d'humanité, cette ferveur éclatante à chaque mesure. El Gusto, c'est la passion de l'amour.
Billet de blog 10 janvier 2012
Le goût du Chaâbi
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