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Billet de blog 10 avril 2012

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La Muette à l'Opéra Comique

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Une cousette en cariatide, un ciel de lit pour tout plafond, les marbres de Favart, en éclat de roses, valent bien ceux de Carrare et, tandis que résonne l’Ouverture, autrement que ceux de Garnier font parler la poudre de riz. Jérôme Deschamps l’a bien compris, qui donne à voir un répertoire authentique d’Opéra Comique en cette salle romantique. Et toc.

Emma Dante- un nom qui ne s’invente pas- met en scène la Muette de Portici, cinq actes imaginés par Scribe et Delavigne à l’attention de Daniel-François-Esprit-Auber (l’homme qui n’a jamais connu le métropolitain mais ne résiste guère aux charmes du RER). Autant le dire d’emblée, Rossini se promène ici comme chez lui, mais  le compositeur français démontre des qualités rares quand il écrit pour le chœur ou laisse libre cours à sa veine parisienne.

La Muette de Portici s’inspire de la révolte napolitaine conduite en 1647 par Tomaso Aniello, mieux connu sous le diminutif de Masaniello. Créée le 29 février 1828, elle s’est révélée plus subversive que ne le croyait la censure et connut très vite un succès populaire-dans toutes les acceptions du mot puisque le 25 août 1830, elle engendra, dit-on, l’insurrection des Belges à l’encontre de la domination hollandaise.

Aujourd’hui, le drame tourne à la fantaisie, l’exaltation provoque un spectacle de grande élégance, tant il est vrai que mademoiselle Dante, indifférente à la mode qui déguise en Al Capone  le moindre Leporello, mais tout autant rétive à l’endroit d'une esthétique désuète, invente à chaque instant des tableaux magnifiques. L’orchestre de la Monnaie ne brille pas- durant toute la représentation, deux musiciens, semblables à Grosso et Modo dans La grande vadrouille, faisaient salon de thé-mais l’ensemble est un régal, une friandise qui jamais ne se prend au sérieux. Qui sait si, sous le rouge incendiaire du velours et le placide sourire des grisettes ne se dessine pas, de nouveau, le tintamarre invincible de quelque révolte?

La Muette de Portici, le mercredi 11 avril, le vendredi 13 avril à 20 heures, dimanche 15 Avril à 15 heures, Opéra Comique, place Boieldieu 75002 PARIS

www.opera-comique.com

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