L'été nous offre le cadeau de la redécouverte: à l'abri du grenier gisent les dentelles, un livre de poche et le sourire de nos enfances. Il est temps de s'y réfugier en compagnie de l'être que l'on aime au dessus de tout, de rêver sa vie, de déposer enfin sur la platine le disque de Kempff interprétant les Moments musicaux et la Sonate en si bémol majeur de Schubert.
Derrière le masque du classicisme, de ce que l'on nomme la grande tradition- concept qu'il serait sain de laisser au vestiaire de temps en temps- c'est un artiste rieur et malicieux qui se révèle. Ainsi dans le quatrième mouvement de la sonate exprime-t-il un chant de véritable bonne humeur, indispensable à qui veut souligner le contraste avec la mort qui s'annonce. Ainsi conçoit-il une large variété de paysages au lieu de se prendre au sérieux, comme le font tant de ridicules. Encore faudrait-il parler de la fluidité de son phrasé, de la chaleur du timbre qu'il imprime à ses notes...Il faudrait, il faudrait...Il ne faut rien du tout. Précipitez vous, tentez l'aventure et racontez nous.
Schubert: "Moments musicaux, sonate D 960" par Wilhelm Kempff. label Deutsche Grammophon, collection du Millénaire.