Aujourd’hui, l’esprit de sérieux se défoule chez le confiseur et, le visage empli de chantilly, rêve que la vie n’est qu’une cavalcade.
Gérard Calvi symbolise un genre musical assez peu représenté, surtout dans nos contrées: le loufoque. Il y eut l'américain Spike Jones, un drôle de zèbre dynamitant les classiques, mais encore ? A bien y songer, c’est probablement chez le Poulenc de La baigneuse de Trouville que l’on trouve les premiers signes de cette école.
Aussitôt le billettiste imagine la réaction des lecteurs : « Ah non, trop c’est trop. Pourquoi ne pas faire entendre le maître plutôt qu’un disciple dissipé ? » La réponse est très simple : un compositeur qui commence par attraper le Grand prix de Rome et rédige ensuite la partition de Dugudu mérite les éloges. Au-delà des contingences de carrière, Gérard Calvi trouvait par ce moyen l’occasion d’exprimer sa fantaisie.
Combien de compositeurs se sont-ils égarés dans un classicisme toc ou disposaient des quatuors pour donner l’apparence du chic à leurs chétives ritournelles? Au moins Calvi donne-t-il une vérité de son tempérament. Puisque rien ne devrait se tisser dans l’existence autrement qu’avec des sentiments, le souvenir d’une soirée peut aussi se glisser dans cet hommage. En 1971, au creux du théâtre des Variétés, à Paris, Gérard Calvi, parmi ses frères musiciens, dirigeait l’accompagnement d’un spectacle de Robert Dhéry. Souriant, ne se prenant jamais pour Olivier Messiaen, le bonhomme offrait l’image d’un accomplissement par l’humour.
Puissent tous ceux qui l’entourent et l’aiment savoir que l’on se souvient de lui.