Debussy, Ravel, treize ans d’écart : on pourrait croire deux frères que la vie sépare.
Et pourtant ce sont deux compositeurs animés d’une évidente complicité, deux amis vrais dont la rivalité surtout fut entretenue par des entourages fous furieux. Les Talich, comme on dit quand on veut frimer un brin, donner l’impression que l'on fréquente les artistes comme au bistrot du coin, présentent une version nouvelle de leur quatuor.
A l’orée de la forêt, l’enfant que nous redevenons s’effraie de ces déchirements. Quoi ? La pudeur pourrait-elle exprimer tant de passions ? Les romantiques du Rhin n’auraient-ils rien compris à l’exposé des sentiments ? C’est bien la profondeur des drames qui se joue dans ces deux partitions. Jusqu’au bout, les nuances et le sérieux se marient, tiennent un discours à la fois cohérent, net et sensible, au sujet de la quête infinie du bonheur.
Loin de prendre la pose hollywoodienne, tout autant rétif à la raideur, le quatuor Talich bouleverse notre équilibre. Une aventure indispensable.
Debussy, Ravel : « Les quatuors à cordes » par le quatuor Talich. Label Dolce Volta. Distribution Harmonia Mundi