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Billet de blog 15 janvier 2012

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Jean Constantin

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Il arrive que le succès provoque le malentendu. Jean Constantin, compositeur et auteur de chansons, demeure à ce jour un artiste négligé, prisonnier de ses Pantoufles, un gag imaginé par cet humoriste et Claude Nougaro. Certes, la postérité retient de lui qu’il a conçu Mon Manège à moi pour Edith Piaf- avec l’appui de Norbert Glanzberg- et co-signé Mon truc en plume pour mademoiselle Renée Jeanmaire, dite Zizi. Tout cela ne serait déjà pas si mal, qui vous assure un train de vie confortable, une vraie reconnaissance publique dans un métier qui s’apparente à la boxe, puisqu’il mobilise depuis toujours l’énergie de ceux qui n’ont rien à perdre et qui, pourtant, ne manquent pas de style.

Mais par un beau dimanche, il est doux de se rappeler la mélodie des Quatre cents coups, le swing très particulier que le musicien plaçait dans son phrasé- décalant le plus tard possible, comme à la frontière de la mesure suivante- enfin la sophistication de ses images, à la fois simples et mystérieuses.  En 1984, il chantait encore au Port du Salut, cabaret de la rue Saint Jacques, à deux pas de la rue Soufflot, quand ce n’était pas à la Villa d’Este. Il affirmait, à la blague, deux ou trois énormités -«Actuellement, je prépare la musique d’un film interprété par Kirk Douglas»- observait sans illusion les vestiges du dîner qui se prélassaient sur les nappes et glissait un accord au piano. Mais au cœur de son tour, il donnait l’un de ses chef d’œuvres : Ellington quarante et one, écrite pour Yves Montand. Ni le sensuel Maurice Vander, ni Bob Castella- notre Red Garland, hélas mésestimé- ne proposaient dans cette chanson de telles harmonies. Alors, aussitôt, la musique et les mots transcendaient la dérision du décor, ouvraient des mondes au-delà de la cuisine.  O, la douceur poivrée des souvenirs…       

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