Que reste-t-il d’une conversation?
Les artistes, à la semblance des oiseaux, changent d’allure. Assis sur une chaise rouge de brasserie, Nikolai Lugansky se présente avec simplicité, lunettes métalliques et carrées, pull-over aux torsades beiges, anorak bleu ciel. On est impressionné par son calme et sa bienveillance : il parle un excellent français, donne le sentiment de passer un moment très agréable et ne verse jamais dans l’automatisme de politesse. Parfois, bien sûr, il ponctue quelque phrase d’une remarque malicieuse- «Cela, je l’ai déjà dit»- mais il ne veut pas insister, juste faire comprendre.Quand il prend congé, déployant son corps longiligne, on redoute que les verres volent et jamais l’expression mettre les voiles n’a parue si pertinente.
Au dessus du clavier, c’est autre chose : on dirait qu’il dévore le clavier, façonne des forêts par la multiplication des arpèges.
Nikolai Luganky reviendra le 10 mars à Cannes et le 22 mars, à Paris, en compagnie de Vadim Repim. En attendant, nous pouvons regarder le ciel, écouter les petits soleils d’alliage léger qui ne se fatiguent jamais : les disques. Ils méritent, encore et encore, bien des détours.
Belle journée à tous !