« Que faisiez-vous dans la nuit du deuxième au troisième mouvement de la symphonie de Bruckner ? » aurait pu demander Maigret.
Certes, l’oncle Anton était rarement capable de construire une œuvre brève. Il manquait, de surcroît, de la moindre trace d’humour, ce qui peut-être explique l’adage: « on commence à aimer Bruckner à partir de cinquante ans» -mais alors, que faire lorsque le désir juvénile anime toujours au-delà de cet âge ?
Univers ébouriffant de mystères et de forêts, la quatrième symphonie de Bruckner mérite une toute autre attention. L’enregistrement que présentent nos amis britanniques du London Symphony Orchestra, sous la direction de Bernard Haitink (dans la collection LSO Live) emporte loin. Crissent les hautbois, frissonnent les violons, tout un songe glisse, par magie, sous les frimas de la saison. «Rêvé pour l’hiver» ? Oui, pour de vrai.