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Billet de blog 20 janvier 2012

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Jean-Claude Vannier sur les planches

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Jean-Claude Vannier donnera un concert le 28 janvier prochain dans le cadre du festival international de bande dessinée d’Angoulême.

Si belle idée que d'associer la musique à la déambulation des images et d'inviter un artiste aussi singulier, qui pourrait faire sienne la devise de l'éditeur José Corti: "Rien de commun". 

La scène, imaginaire, se déroule au milieu des années quatre-vingt dix. Une urgence commande l’esprit du compositeur. Installé devant sa table, cherchant l’idée- pas deux ou trois, non, une seule- qui donnera ses couleurs à la chanson qu’il lui faut habiller pour l’été, le voici qui se tourmente. Fichu métier parfois. Des années plus tôt, jeune assistant distrait qui avait égaré les bandes magnétiques d’un enregistrement fameux, Jean-Claude Vannier s’est trouvé relégué à la supervision des enregistrements d’orchestres arabes. D’une décision que la direction des studios considérait comme une sanction, Jean-Claude a fait l’une de ses inspirations majeures : engagé comme pianiste à l’hôtel Aletti au pied de la casbah d’Alger, avec un contrat de danseuse, il a étudié les règles de l’orchestration ; l’artiste, ensuite, a choisi de déposer des violons aux couleurs orientales sur une rythmique de rock and roll. Qu’importe qu’il ne se fût pas agi de son premier coup de maître -quelques croches à l’orgue Hammond signent encore aujourd’hui l’introduction de Que je t’aime. Les compositions et les orchestrations de Melody Nelson demeurent une étape essentielle, transcription de la sensualité dans le domaine musical, volonté de leur créateur de se distinguer de tous- puisqu’en ce temps-là, régnaient de pauvres aménagements à l’indienne. Il reste que Jean-Claude Vannier déteste la contrainte extérieure et sait qu’il est impossible de se baigner deux fois dans le même fleuve. Alors, en ce jour où, penché sur son bureau, il doit trouver une idée, il arpente un autre chemin : les violons, oui, mais ils joueront en pizzicato durant toute la chanson ; le seul accord qu’ils plaqueront sera le dernier, comme un pied de nez à la facilité.

C’est ce que l’on aime chez lui : cette façon de chercher sa vérité d’artiste, son éthique. Imaginer cet indomptable dans la patrie de Rubempré, voilà qui ne manque pas de romanesque. Plus sérieusement, le festival de la bande dessinée lui va comme un gant : liberté, rigueur et méticulosité dans le travail, tout sera sans doute formidable dans le concert qui s’annonce. Accompagné par l’orchestre et le chœur des jeunes élèves du Conservatoire de la ville et par la dessinatrice Aude Picault- qui projettera en direct et sur grand écran, ses inspirations graphiques pendant le spectacle- Jean-Claude Vannier donnera le meilleur de lui-même.

A ceux qui ne pourront pas rejoindre l’Angoumois la semaine prochaine, il est heureusement possible d’écouter Roses rouges sang, nouvel opus disponible sur Internet, dix chansons comme nul n’en ose, et de se procurer la réédition de quelques enregistrements anciens dont nous reparlerons bientôt.  

 Renseignements :

www.bdangouleme.comConcert Jean-Claude Vannier illustré par Aude Picault Théâtre d’Angoulême • Une seule représentation le samedi 28 janvier 2012, à 20 h 30 • Tarif unique 20€

Pour tout savoir sur les disques de Jean-Claude Vannier :   www.traficom-musik.fr/boutique

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