A force d'être jeune, David Fray touche à la maturité. Ce nouveau disque Schubert, autant le dire, est une merveille. Gravissant la Sonate en sol majeur à la façon d'un rêveur à qui l'on recommande le bon air des altitudes, le pianiste français choisit le mystère plus que le drame. Ainsi s'efface l'idée même d'une comparaison: les interprétations de jadis ont toute leur place, on peut cependant s'en affranchir et c'est heureux.
Prendre une respiration presque subliminale constitue la marque de Fray, qui lui permet d'attendrir plus que d'inquiéter. Schubert, à la vie brève, espérait bien faire de vieux os. Lui laisser cette chance évite l'anachronisme auquel trop souvent se livrent les pianistes, comme s'ils jouaient les partitions d'un vieil homme revenu de tout.
La Fantaisie en fa mineur et et l'Allegro en la mineur, tous deux pour quatre mains, sont joués avec Jacques Rouvier, fameux concertiste que l'on entend peu chez nous, mais qui fut le professeur de David au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. C'est ainsi que se construit le parcours d'un artiste notable: par l'indépendance et la fidélité.
A écouter:
"Schubert: Sonate en sol majeur-et Fantaisie", par David Fray ( et Jacques Rouvier)". Label Erato.
En concert le 24 mars au Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars à l'Opéra Théâtre de Saint Etienne et le 7 avril à Draguignan.