Pogorelich en coffret, voilà de quoi tenir un siège.
On connaît la légende: un artiste yougoslave (aujourd'hui croate) pour qui Martha Argerich a démissionné du concours Chopin-1980 pour protester contre l'élimination de celui qu'elle désignait comme un génie. Bien entendu, les belles âmes se sont gaussées, laissant courir l'idée que l'artiste argentine avait des faiblesses pour un beau gosse- alors qu'eux-mêmes, évidemment...- Bah, laissons de côté ces querelles.
Trente cinq ans plus tard, écouter Pogorelich à l'âge de vingt, vingt-cinq, trente ans, c'est, avant tout, suivre un pianiste élégant, qui ne jamais ne noie le son, qui tient les arpèges en respect, lance des couleurs, interprète Brahms à la façon d'un italien, c'est-à-dire avec rigueur. Il était inévitable qu'il se brûlât: tant d'énergie, tant d'attente aussi du côté du public. Mais au coeur encore des années quatre-vingt-dix, Pogorelich a su donner encore des Tableaux de Mussorgsky ce qui s'appelle une fresque fastueuse.
Aujourd'hui, revenu du diable vauvert, Ivo reçoit le soutien des commentateurs. On ne saurait s'en étonner: les grands artistes ne meurent jamais.
A écouter:
"Ivo Pogorelich complete recordings" 14 CD label Deutsche Grammophon.