Trouvé ce matin dans le livre Pierre-Auguste Renoir, mon père, une évocation de la jeunesse du peintre. "Il était très fort en solfège et avait une belle voix de baryton léger. Ses maîtres ne voulaient pas laisser en friche un tel don du Ciel. Ils le firent même accepter dans la célèbre chorale de l'Eglise Saint Eustache, dont le maître de chapelle était un jeune compositeur inconnu du nom de Charles Gounod. Cette chorale était composée uniquement de jeunes garçons, à la manière de nos modernes "Petits chanteurs à la Croix de bois". Beaucoup de ces enfants étaient des fils de dames de la Halle. C'est dire que les mères ne manquaient pas d'argent et étaient, comme on disait à l'époque, fortes en gueule. Pour ces riches commerçantes, avoir un fils chantant à Saint Eustache était un honneur. C'était l'art pur mettant un blason aux éventaires de choux-fleurs et de volailles". On apprend comment le compositeur évite la furie de ces mamans, se démène avec passion pour inventer de la musique.
Quelques lignes encore, et Jean Renoir explique de quelle façon Gounod soutient son élève en lui donnant des places pour l'opéra: "Ce n'était pas encore le grand Opéra de Garnier, cette brioche non comestible, mais un charmant bâtiment à l'italienne dont on peut se faire une idée en allant visiter la Fenice à Venise, tout en bois et tout en loges, un écrin pour présenter les jolies filles de Paris".
Les années passent et le troisième fils du peintre devient cinéaste. Il aime associer les classiques et les cousettes. La connaissance des grands airs est chez lui comme un bouquet de malice, de tendresse et de traditions. Voilà pourquoi la chanson tient une place essentielle dans son oeuvre. Le soleil, au dessus de la vie, s'amuse un brin. Belle journée à tous...