Rien n'invite, comme les vacances, à la promenade littéraire.
Au creux de la maison, le soleil déjà furète.Un petit scorpion se prélasse et quelques chauves-souris grincent, au loin, dans le grenier. C'est l'heure de retouver Histoire de la musique, d'Emile Vuillermoz.
Publié la première fois chez Fayard en 1949, l'ouvrage a bénéficié de constantes rééditions- complétées par le musicologue Jacques Lonchampt- dans la collection du Livre de Poche. Autant le dire: c'est une merveille.
En ravélien de combat, Vuillermoz ne se gêne pas pour affirmer ses goûts, déchaîner les passions, nous mettre en garde contre les fausses perspectives. "Une Germaine Tailleferre avec son gracieux "Marchand d'oiseaux", son aimable "Sonate" de violon pouvait malaisément passer pour une réformatrice ou une pétroleuse", écrit-il à propos de l'un des piliers du Groupe des Six. Il ne manque pas Monpou, dont il loue le raffinement exquis et l'aptitude singulière à traduire l'intraduisible et à transposer dans le domaine des sons des sensations et des impressions qui semblaient devoir échapper par définition à toute notation musicale. Au sujet des grands anciens même, Vuillermoz avance avec une subjectivité bien assumée, désignant Rameau comme le catalyseur du clacissisme international.
Que l'on approuve ou conteste ses choix, le grand Emile nous apparaît comme un frère: quelqu'un qui dédie son grand oeuvre aux Jeunesses Musicales de France et place en exergue une phrase d'Huxley-"A notre postérité, dans un million d'années, notre subtilité paraîtra sans doute d'une lourde barbarie"- ne saurait être pétri de vanité.