L'orchestre symphonique de Bretagne, sous la direction de son chef titulaire, Grant Llewellyn a donné vendredi dernier un concert imaginatif, émouvant, les images et les sons se mariant pour célébrer la mer. Dans la nouvelle salle du Couvent des Jacobins- ce nom, comme un pied de nez que la décentralisation culturelle adresse aux nostalgiques du désert de jadis- on a pu se délecter d'un programme associant des créations mondiales, quatre interludes signés Britten et le concerto de Jean Cras, très rarement joué, magnifiquement porté par François Dumont, l'un des pianistes les plus doués de sa génération.
Réjouissons-nous de la qualité remarquable des formations régionales. Pendant de longues années, quatre orchestres seuls incarnaient la vie musicale en dehors de Paris: Lille, Toulouse, Strasbourg et Lyon. Si la plupart d'entre eux demeurent encore au dessus du lot, force est de constater que d'excellents musiciens rejoignent de très belles aventures collectives en Bretagne , en Savoie, en Auvergne, en Touraine - et l'on ne cite pas tout le monde, afin de ne vexer personne.
A Rennes, Marc Feldman, administrateur de l'orchestre, anime la vie musicale avec intelligence et ferveur. Il suffisait de voir le sourire des mélomanes, un public sans façon pour la mise mais respectueux des artistes, qui ne tousse pas sans arrêt comme à Paris- à croire que la capitale est un sanatorium- pour comprendre que le travail accompli donne du plaisir à chacun. Mille bravos!