Daniel Barenboïm et Gustavo Dudamel interprètent les deux concertos de Brahms.
Il est des jours où la profondeur du compositeur allemand prend la forme d'une énergie salvatrice, d'un élan qui porte loin, plus que d'une méditation taciturne. Il est vrai que la familiarité que Barenboïm entretient avec l'orchestre de la Staatskappelle de Berlin facilite la cohésion de l'ensemble. Mais il faut souligner la grande qualité de Dudamel, ici: maintenir une impulsion jusqu'au bout, respecter l'ampleur de la musique tout en évitant le pathos.
Au pianiste on réservera notre plus grande admiration. Comme il est dommage que les mélomanes oublient de le citer quand ils doivent dire le nom de leurs solistes préférés: c'est un artiste de très haute envergure, dominant les partitions sans les humilier, provoquant l'émotion sans verser dans l'épanchement sirupeux.
A l'heure, enfin, où les musiciens multiplient les collages de "prises" afin de présenter un enregistrement techniquement parfait, comment ne pas soutenir la démarche de Barenboïm et Dudamel, qui se lancent à l'assaut de ces oeuvres sans filet, lors de la captation d'un concert? A n'en pas douter, le premier grand disque de la rentrée vient de paraître.
A écouter:
Brahms: "Les concertos pour piano et orchestre", par Daniel Barenboïm et l'orchestre de la Staatskappelle de Berlin sous la direction de Gustavo Dudamel. Label Deutsche Grammophon.