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Billet de blog 24 octobre 2016

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L'émotion musicale

Les grands historiens Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello présentent une "Histoire des émotions", dans le cadre de laquelle Gilles Cantagrel analyse l'émergence de l'émotion musicale.

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Anne Sofie von Otter - "Lasciatemi morire" © latraviata1853

Magnifique aventure éditoriale "Histoire des émotions" comptera trois volumes. Avec les deux premiers, parus voici quelques jours, le mélomane est heureux déjà, puisqu'il retrouve Gilles Cantagrel, historien, musicologue, homme de science et de goût.

"Si l'on s'est beaucoup interrogé sur le "langage" musical, ses éventuelles "significations" et les modalités de sa mise en oeuvre, on a moins disserté sur l'émotion éprouvée par les auditeurs, ce "mouvement excité dans les humeurs, dans les esprits, dans l'âme", selon le Dictionnaire de l'Académie de 1740", explique en introduction Gilles Cantagrel. Quelques lignes plus loin, voici que la première clé nous est livrée: "Autour de 1600, une véritable révolution se fait jour dans la pensée musicale, et par voie de conséquence dans le langage sonore. Sous la pression des Camerate où les humanistes florentins tentaient de ressusciter la tragédie antique, le besoin de registres d'expression plus personnels, plus individuels, apparaît avec urgence".

La naissance d'un discours musical, inspiré par les règles de la rhétorique, a pour ambition de faire naître en chacun des sensations, des passions, que l'on ne tarde pas à nommer des "émotions"- quoique le terme n'ait pas encore l'acception que nous lui donnons de nos jours. Claudio Monteverdi, parmi les premiers, fait pleurer les foules- enfin, les privilégiés qui peuvent écouter, notamment, son opéra L'Arianna, dont nous écoutons ici le seul air qui nous soit parvenu.

Petit à petit, naissent les éléments d'un langage. "Le choix des instruments répond au premier degré des évidences. Par son éclat, la trompette incarne la majesté, divine ou temporelle, le pouvoir, l'ardeur guerrière, observe Gilles Cantagrel. Et le cor, instrument cynégétique par excellence, se verra associé aux évocations de la nature. Mais au-delà de cette symbolique élémentaire, le choix des instruments peut prendre une valeur transcendant le simple aspect du plaisir auditif". Ainsi toute une grammaire a-t-elle vu le jour, dont nous sommes encore dépositaires.

En éclairant notre lanterne, les historiens nous encouragent à regarder vers l'avenir.

A lire:

"Histoire des émotions" sous la direction de Alain Corbin, Jean-Jacques Courtine et Georges Vigarello. Seuil, volume I:  540 p. 39,90 €;  volume II: 475 p. 39, 90 €

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