Élégance, humour et travail. A Jacques Chancel, voici des années, Jean-Loup Dabadie avait déclaré que le plus beau compliment que l'on pouvait lui faire était de dire qu'il était laborieux- cet adjectif était venu, prétendait-il, à l'épouse de Claude Sautet lors d'un dîner. Le parolier ne soit pas seulement "raconter une histoire en trois minutes", il doit ajuster "les mots à la musique", pour reprendre une expression de Jean-Loup Dabadie. Rien n'est plus difficile que de paraître naturel. Julien Clerc avait expliqué que son parolier passait parfois des heures et des heures à refaire un texte. Il avait failli renoncer à rédiger celui de "Aime-moi".
Les chansons ne seraient pas ce qu'elles sont sans les mots qui les éclairent. Depuis cinquante ans, les chanteurs ont pris l'habitude- plus ou moins justifiée- d'écrire leurs propres textes. Mais quelques auteurs ont continué, contre vents et marées, à tisser des costumes d'images pour des artistes qui chantent.
Jean-Loup Dabadie rejoint Albert Willemetz et Pierre Delanoë, deux géants de la chanson populaire auquel, un jour, il faudra rendre l'hommage qu'ils méritent. En attendant, saluons la mémoire d'un écrivain de lumière...Et s'il passait pour détaché des engagements politiques, c'est par méconnaissance de sa vigilance humaniste. En écrivant des sketchs pour Guy Bedos il glissait son point de vue sur le monde. En 1980, Jean-Loup Dabadie n'avait pas manqué de dénoncer la peine de mort:
Sans doute a-t-il été l'un des analystes les plus fins de la société française, telle qu'elle était conduite, entre 1965 - date de l'émission "Les raisons verts", à laquelle tout jeune il avait participé- jusqu'à 1985 environ.
C'est beaucoup.